Un secours instinctif...

Tout fusionnait dans cette quiétude indicible que nous ressentions enlacés l’un dans l’autre. Le monde paraissait fondre dans un microcosme indescriptible où s’accomplissaient qu’exclusivement toutes nos fantaisies d’esprit et de cœur. Le rythme de sa poitrine avait décéléré. Un ravissement embellissait son visage plus qu’apaisé. Ses mouvements se comblaient de charme et de grâce que seul l’amour pouvait infuser à la dynamique du corps aimant. Elle n’avait d’attention que pour l’instant d’allégresse tacite qui faisait jubiler son âme, même dans le mutisme qu’elle s’était octroyée. Ses mains baladeuses étaient plus bavardes sur chaque partie de mon corps. Une innocence s’accaparait de son regard qui paraissait infantiliser. L’immersion dans cette extase plongeait ma compagne dans une indifférence du présent et dans l’ivresse de l’imaginaire idyllique. Elle semblait pétée aux sédatifs, dans un coma éthylique ; je sentais tapoter son pied contre les pantoufles chinoises que chaussaient les miens, la cadence m’était familière, mais je ne m’en souvenais presque pas, malgré qu’une floue réminiscence envahît les méninges. Dans un oxymore, ma lucidité s’embrouillait avec l’imminence d’une solution qui lui faisait des siennes. Le fil des souvenirs me paraissait bien glissant à tenir afin d’y soutirer l’exactitude de ces notes que je pensais reconnaître dans le swing perceptible dans le geste que perpétrait mon amie contre mes pieds. Cette sonorité réveillait une flamme endormie de mes instincts musicaux qui me rendait bien sensible à toute mélodie, fut-elle-minime, infime, et succincte. Un vieux homme un peu fêlé, nous observait dans une curiosité décontenancée, une canette de bière entre les mains, il ne cessait d’ingurgiter des gorgées à l’emporte pièces, marmonnait des palabres insensées, du véritable coq à l’âne. Autour du siège, qu’il occupait des petits sacs contenant d’objets non identifiés, vêtu en haillons, comme un homme rescapé d’un incendie, sa trombine transpirait à la fois des boursouflures dues à un déficit de sommeil et d’une inclination immodérée au culte de Bacchus. 
Après que soit arrivé le bus à l’arrêt où nous devrions descendre, je secouais avec tendresse mon amie pour la ramener à la conscience du présent. Nous descendions les marches de l’escalier jouxtant l’immeuble non loin du mien, qui était une église, des prières en émanaient. L’ascenseur prenait du temps à arriver, et mes soupçons allaient carrément aux enfants de l’immeuble qui se permettaient de l’inclure dans leurs plaisanteries réciproques.
Puis un bruit s’entendit soudain, il est bref : la porte métallique s’ouvrit. Un jeune homme d’une vingtaine d’années en sortit, dépenaillé comme frappé d’une électrocution avec ses cheveux hérissés, le visage somnolant avec des grosses lèvres d’où coulait une salive abondante qu’on aurait cru qu’il pleuvait de bave. Un réflexe d’assistance me traversa la tête en une fraction de seconde, un besoin se fit pressant de lui tendre la main afin de m’enquérir de son état, qui me semblait être un appel au secours dans un monde devenu bien indifférent au sort de l’humain en difficulté que l’on pouvait percevoir sans qu’une explication ne soit fournie. 
Tout fusionnait dans cette quiétude indicible que nous ressentions enlacés l’un dans l’autre. Le monde paraissait fondre dans un microcosme indescriptible où s’accomplissaient qu’exclusivement toutes nos fantaisies d’esprit et de cœur. Le rythme de sa poitrine avait décéléré. Un ravissement embellissait son visage plus qu’apaisé. Ses mouvements se comblaient de charme et de grâce que seul l’amour pouvait infuser à la dynamique du corps aimant. Elle n’avait d’attention que pour l’instant d’allégresse tacite qui faisait jubiler son âme, même dans le mutisme qu’elle s’était octroyée. Ses mains baladeuses étaient plus bavardes sur chaque partie de mon corps. Une innocence s’accaparait de son regard qui paraissait infantiliser. L’immersion dans cette extase plongeait ma compagne dans une indifférence du présent et dans l’ivresse de l’imaginaire idyllique. Elle semblait pétée aux sédatifs, dans un coma éthylique ; je sentais tapoter son pied contre les pantoufles chinoises que chaussaient les miens, la cadence m’était familière, mais je ne m’en souvenais presque pas, malgré qu’une floue réminiscence envahît les méninges. Dans un oxymore, ma lucidité s’embrouillait avec l’imminence d’une solution qui lui faisait des siennes. Le fil des souvenirs me paraissait bien glissant à tenir afin d’y soutirer l’exactitude de ces notes que je pensais reconnaître dans le swing perceptible dans le geste que perpétrait mon amie contre mes pieds. Cette sonorité réveillait une flamme endormie de mes instincts musicaux qui me rendait bien sensible à toute mélodie, fut-elle-minime, infime, et succincte. Un vieux homme un peu fêlé, nous observait dans une curiosité décontenancée, une canette de bière entre les mains, il ne cessait d’ingurgiter des gorgées à l’emporte pièces, marmonnait des palabres insensées, du véritable coq à l’âne. Autour du siège, qu’il occupait des petits sacs contenant d’objets non identifiés, vêtu en haillons comme un homme rescapé d’un incendie, sa trombine transpirait à la fois des boursouflures dues à un déficit de sommeil et d’une inclination immodérée au culte de Bacchus. Après se soit arrivé le bus à l’arrêt où nous devrions descendre, je secouais avec tendresse mon amie pour la ramener à la conscience du présent. Nous descendions les marches de l’escalier jouxtant l’immeuble non loin du mien, qui était une église, des prières en émanaient. L’ascenseur prenait du temps à arriver, et mes soupçons allaient carrément aux enfants de l’immeuble qui se permettaient de l’inclure dans leurs plaisanteries réciproques.
Puis un bruit s’entendit soudain, il est bref : la porte métallique s’ouvrit, un jeune homme d’une vingtaine d’années en sortit, dépenaillé comme frappé d’une électrocution avec ses cheveux hérissés, le visage somnolant avec des grosses lèvres d’où coulait une salive abondante qu’on aurait cru qu’il pleuvait de bave. Un réflexe d’assistance me traversa la tête en une fraction de seconde, un besoin se fit pressant de lui tendre la main afin de m’enquérir de son état, qui me semblait être un appel au secours dans un monde devenu bien indifférent au sort de l’humain en difficulté que l’on pouvait percevoir sans qu’une explication ne soit fournie. 
Je me posai la question sans réponse d’où pouvait-il provenir, n’a-t-on pas vu qu’il nécessitait une attention particulière ? En fervent catholique, dans les sillons de mon esprit mondain résonnait encore la parabole du bon samaritain, un enseignement qui m’avait beaucoup ému plus que la religion elle-même. La bienveillance du samaritain a été une valeur à laquelle mon identité s’était allègrement attachée dans un automatisme que ma raison ne savait vraiment expliquer. Ainsi, à la vue de ce jeune homme délabré, presque fou, la maxime d’hier de ses séances de catéchisme reprit corps, jusqu’à mouvoir mon corps dans une tentative de secours. Le côté dextre chargeait du sac et de la valise de ma compagne que je déposai par terre, ma main se précipitait déjà à tenir l’homme par le poignet.  



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