L'andouille était revenue...
L’andouille
s’était tue, son silence bien que perceptible avait souillé l’instant. Les regards indignés lui rappelaient
l’engeance telle que les gens du quartier aimaient le qualifier. Sa présence
semblait bien embarrassée, mais personne n’osait lui dire de partir. Assis sur
une muraille inachevée d’où pendaient quelques barres rouillées de fer, immergeant du
bloc de ciment avec impétuosité comme en quête de survie que la maçonnerie
engloutissait dans sa faisabilité. Des voix timides grouillaient dans cette
assemblée qui réunissait les anciens d’un quartier, qui avait du mal à gérer
l’effervescence de jeunes pendant le retour du soleil avec le temps estival. Le
bal des mots retentissait avec emphase dans la tête de l’homme indésirable et
stupide, qui feignait avec désinvolture de comprendre pendant que tout le monde
savait qu’il ne pigeait que dalle. Son visage s’agitait avec intermittence avec
ses yeux hagards, son esprit affouillait dans les dédales de sa mémoire pour
bâtir une compréhensibilité de ce qu’il entendait. La braguette de son pantalon
ouverte, il puait d’une odeur désagréable que les narines s’attelaient de
supporter, certains ne s’empêchaient de le toiser. Sa présence se tolérait avec
peine, car personne ne pensait le chasser, son père était un des grands
donateurs de toutes les activités socio-culturelles du quartier, le fâcher
pourrait engendrer une embrouille inutile. Alors tout le monde supportait des
fois qu’il s’esbroufait avec impertinence devant les propos qui meublaient la
discussion, arrachant des sourires soudains à des personnes qui semblaient
l’avoir oublié. Il mâchouillait on sait quoi dans sa bouche, gonflant les
mâchoires qui se remplissaient de muscles dès que ses molaires
s’entrechoquaient. Un crissement circulait avec impudence dans la conversation
houleuse qui se tenait sur la grande esplanade de la petite bourgade sous la
lumière ardente de l’été en Andalousie.
Dans
la foule qui assistait à cette réunion publique, la distraction était
inévitable avec toutes les palabres inaudibles que débitait l’andouille de sa
bouche d’où pendait des fois une abondante salive, surtout aussi avec cette
braguette ouverte qui laissait voir toute son intimité à la merci des yeux
curieux. Puis vinrent quelques employés de la maison familiale où résidait
l’andouille, il paraîtrait qu’il avait fugué depuis plus de deux semaines. La
triste nouvelle n’était connue que de quelques proches amitiés du papa, qui ont
tout de suite lancé l’alerte dès qu’il
était apparu à la réunion publique sur la place centrale du village. Arraisonné
de force sans créer d’incidents, l’homme ceint par des fortes mains, se
laissait entraîner vers le domicile familial, son pantalon dont la fermeture
était ouverte se vit fermée par l’un des envoyés venus le prendre. Bien qu’il
se fît éloigner de la foule, son cou se tordait avec souplesse pour ne point
perdre une scène qui se perpétrait sur la place centrale du village, sa bouche
bavant ne cessait de marmonner d’incomprises phrases.
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