La pétarade retentissant et abîmant de leur paradis...

Les chants des oiseaux au-dessus de la mansarde ne s’entendent plus, la nuit n’est plus un instant où son esprit se diluait la paisible quiétude du sommeil, au contraire il est rempli maintenant d’angoisses nocturnes, des rêves nécrophages sillonnaient les profondeurs de son silence plus que jamais lugubre. Leur innocence entonnait des prières tacites pour que se tusse le vacarme de kalachnikovs et d’obus, qui déchirent depuis la terre qui les avait vus naître. 
L’indicible traumatisme qui masque leurs visages montrait la taille de leur désarroi devant le cataclysme, qui brisait depuis la paix de ce qu’avait été leur destin. Calfeutrés derrière les murs de leur maison, ce qu'étaient devenus leurs espaces de jeu, ils ne pouvaient les imaginer qu’à travers leur regard furtif, qui balayait la vaste étendue en ruine qu’était devenu leur quartier. Dans leur assurance infantile due à la présence de leurs parents et de leurs aînés, les enfants bien que moyennement rassurés savaient que la vie était devenue précaire, ils lisaient la fragile tranquillité que tentaient de maintenir les adultes afin de ne point éteindre la flamme d’espoir dans leurs cœurs de bambins. 
Des fois, les armes se taisaient et, il ne s’entendait souffler qu’une bonace de mauvaise augure à travers laquelle la violence se cultivait avec perspicacité et témérité pour s’assurer l’ignoble victoire sur ceux qui sont censés être ses ennemis. 
Ainsi, la courte durée de l’accalmie se voyait évincer peu de temps après par une tonitruante pluie de bruits de morts: le cynique tintamarre reprenait.  La poussière envenimait l’air, comme pour signifier aux hommes, combien leur était indésirable le besoin de vivre, la fièvre de mourir s'attisait dans un mutisme de la résilience. 
Chaque jour quand le soleil se levait le chuintement du transistor résonnait, des nouvelles se diffusaient, les attentes tenues en haleine, les hommes espéraient en cette diplomatie, qui tentait de convertir le vacarme de canons en débat d’idées dans un dialogue serein. 
Des mots sont lâchés en leur nom, parait-il que le chaos n’était qu’une étape pour que les libertés leur fussent concédées,  justifiant cette esclandre de chair déchiquetée et sanguinolente pour vaincre l’ordre ancien, qui garantissait la tranquillité de vie, au profit d’un futur qui se dessinait dans le désastre comme si un astre s’était abattu sur leurs terres. 
Le monde meilleur tant chanté était en gestation ténébreuse, avec des cris et des crises d’angoisse, dont le paroxysme se conjuguait avec aisance dans l’antre du trépas. Ainsi des vies s’éteignaient, s’en allaient au nom d’un sacrifice qu’elles n’ont pas consenti au préalable - le vocable "pris en otage" se trouvait légitimer par ce qui avait été énoncé comme émancipation ou libération. Le peuple devait se soumettre à cette logique guerrière et meurtrière. 
D ’atroces souffrances se dessinaient avec un plaisir incontinent le synopsis de ce désarroi qu’ils ne savaient plus exprimer, le calice était plein de ce liquide amer que les leaders avaient décidé de leur faire avaler au nom des idéaux pour lesquels nulle consultation n’avait été initiée pour en évaluer la légitimité et la pertinence. 

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