Un grand Podium devant la bibliothèque...

Dans une ville de Lausanne que bénit le soleil depuis les premières heures du matin, un podium avec l’inscription « festival de la cité » est bien visible devant la bibliothèque de la Riponne. Même les plus distraits d'entre nous ne peuvent le manquer, d’ailleurs, dans les environs, se voient les gradins en bois montés pour que les gens s'installent à leur aise, et les instruments en attente des plus talentueux musiciens, qui viendront égayer la soirée. Quelques techniciens rodent le matériel pour ne point vivre des surprises désagréables pouvant gâcher le spectacle prévu. Des bruits électroniques grincent dans l'air ambiant. Des artistes aussi semblent embarquer dans ce qui parait être une répétition sous cet échafaudage métallique avec ses multiples projecteurs accrochés, prêts à illuminer le temps, dès que le noir de l'obscurité va déployer sa cape, et nul ne veut porter la responsabilité d’un échec quelconque. Tout le monde veut donner le meilleur de soi pour être à la fois son plaisir personnel et celui des spectateurs. 
Dès le début de la soirée, quand la chaleur semble prendre un peu de répit, l’esplanade devant le podium commence à se remplir timidement, quelques personnes s’immobilisent pour regarder les musiciens s’installant sur le podium. Des voix des choristes s’élèvent petit à petit, les chœurs manquent encore de vivacité, mais l’élan semble venir à pas de tortue - une belle promesse semble en vue. Des guitares vibrent à tue-tête chaque fois qu'elles se font grattouiller, des sons hard rock s’imbriquent sous les doigts virtuoses faisant trembler les baffles placées aux quatre coins du vaste périmètre de la Riponne. 
La batterie retentit avec une redondance tellement maîtrisée qu’il était si facile de faire allusion à la dextérité manuelle du batteur- un homme d'expérience surement. Les yeux s’ouvrent grands, ne cachant point cette admiration qui féconde les visages jusque-là passifs de l’assistance. Puis on entendit la tonalité de cette musique culminait jusqu'à une forme d'apogée sonore, s'ensuivit un silence, se fit total. Aucune sonorité ne s’entendait plus depuis le podium.
Les instruments sont rangés avec minutie, les musiciens descendaient l’un après l’autre, en conversation ou esseulé. Ils souriaient à la petite foule, qui ne cachait pas sa curiosité. Des cigarettes sortent de boites, leurs bouts sont incendiés, des grosses nuées de fumée s’aspergent en l’air, leurs visages reflètent une certaine anxiété. 
La petite ambiance qui avait envahi le lieu tomba d’un cran, les instants n’étaient plus couverts que par les vrombissements des voitures et des motos. Le podium, vide, semble orphelin de ceux qui font son importance en ce temps estival, où bien d’artistes sur ces armatures de bois infuseront le plaisir combiné du beau temps et de la belle musique à une population ivre de bien passer ses vacances.
Le plus patient des spectateurs s’était assis, après avoir sorti une bouteille d'eau et un paquet de chips, sur le pavé, croquant tranquillement, attendant que l’heure du spectacle arrive, et que sa fête, celle de tous, commence depuis le grand podium bleu devant la Riponne.    

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