Étau à la fois footballistique et politique à Kinshasa...

UNE PILULE AMÈRE POUR LE RWANDA
Pour la seconde fois, la République Démocratique du Congo fait parler d'elle à l'échelle continentale avec son sacre de ce dimanche dernier comme championne d'Afrique de football. Un sacre pas moins symbolique, parce que réalisé au Rwanda, dont l'arrogance des autorités vis à vis du prestige congolais est de notoriété publique. D'ailleurs, le sport de masse a toujours rimé avec apologie du nationalisme et du patriotisme, déjà à l'époque de la guerre froide, les compétitions internationales s’interprétaient comme un duel Est-Ouest, d'où la main adjacente du politique pour tirer le bénéfice indu.
A défaut des réponses adéquates du leadership congolais au pouvoir face aux affronts rwandais, le peuple du Congo a trouvé dans la victoire des Léopards sur les Amavubis  une belle revanche sur le mépris complice de ce pays face au drame congolais de l'Est. Le fait de triompher en terre rwandaise en tant que championne d'Afrique, selon l'entendement congolais, devrait interpeller les autorités de ce pays sur la résurrection prochaine du Congo encore sous humiliation.
LA VICTOIRE DES LÉOPARDS PORTE LE SEING DE MAZEMBE : UN GAIN POLITIQUEMENT INDIGESTE POUR KINSHASA
Un Congo reconnu comme pauvre, dont les structures étatiques sont réputées inefficaces, d'une absence notoire en importance dans la géopolitique sous-régionale et continentale, où un seul domaine semble faire retentir encore une certaine renommée, jusqu'à susciter des envies à part les ressources naturelles et la musique, nécessitant des qualités de management : c'est le football.
D'ailleurs, à chaque championnat, le pays a toujours été compté parmi les favoris. C'est dans le football que se retrouve cette équipe brillante, qui est fournisseur du gros lot des internationaux congolais formant l'ossature de l'équipe nationale : le TP Mazembe.
Le TP Mazembe est une équipe qui fait la fierté du football congolais, il est presque le symbole d'un Congo pragmatique qui réussit, alors que la politique, malgré la hauteur des discours et la longueur de conseil des ministres, n'accouche que d'une piètre souris, même, lorsqu'elle est conduite par le grand technocrate du pays dont les qualités n'ont cessé d’être vantées.
Plusieurs fois championne d'Afrique, cette équipe congolaise est cotée parmi les meilleures du continent et du monde. Malheureusement, tout le capital sympathie que draine le TP Mazembe, incontestable fierté de tout congolais de tous bords, n'est plus à la disposition du pouvoir de Kinshasa avec le fracassant divorce de son président Moise Katumbi, désormais opposant de kabila ; et, malgré que certaines langues diraient que le gouvernement a mis les moyens adéquats à disposition du onze national, cela ne pourrait occulter le travail en amont des dirigeants de cette équipe, faisant de la victoire des léopards un acquis indigeste à gérer politiquement , même pour les langues pendues de la majorité présidentielle.
JAUGEAGE POLITIQUE ET BRUTALE EXPRESSION DE LA VOLONTÉ POPULAIRE
Des mots d'excuses du SG du parti présidentiel, dont le mur Facebook avait fait allusion à un indécent lien entre les trois buts en finale des léopards et l'hypothétique troisième mandat de Kabila, pour ne pas gâcher cette liesse populaire qui a fini par mettre à nu les intentions et les craintes d'un pouvoir aux abois, et les aspirations d'un peuple éreinté d'un pouvoir corrompu et violateur des droits de l'homme à satiété. 
D'après les excuses du parti présidentiel, les comptes de SG comme des autres membres auraient été piratés! osons le croire, mais quand nous connaissons le lèche bottisme de certains membres de cette majorité, il peut ne pas être exclu qu'ils s'en sont livrés à cœur joie pour plaire au chef, excellence et compétitivité dans le clientélisme obligeant.
Craignant que les réjouissances populaires, lors de cette victoire, ne virent à une revendication politique du genre 4 janvier 1959, la soldatesque de la Kabilie, par le truchement du généralissime Kanyama, va même tenter d'intimider le peuple. Au lieu de la peur des canons, le peuple va relever le défi avec sa langue déliée depuis les années 90 sous le pouvoir de Mobutu ; il va clamer haut et fort son déni à toute longévité de Kabila dont le dernier mandat expire cette année. Le peuple a fait d'une pierre deux coups : célébrant la victoire du onze national et scandant sa désapprobation du régime actuel avec comme slogan : "Yebela" une invitation au président actuel de partir à la fin de son mandat, quant aux membres de la majorité, leur refrain, à peine entendu, fut "Wumela"une concession pour la pérennité du pouvoir Kabila. Le football a livré le visage de ce que sera cette année 2016 en République Démocratique du Congo.

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