L'innocence d'un enfant peut guérir de tous les maux...

C'est le sourire de cet enfant qui a fécondé mon plaisir, élaguant de mon visage cette tristesse de la solitude. J'étais perdu dans mes pensées sur ce banc dans une des salles chaudes de la bibliothèque où je me reposais. Depuis le matin, aucun texte ne me traversait l'esprit, ni une succession des mots pouvant satisfaire l'âme d'une mélodie apaisant l'être dans ce tourment incessant tissé de roublardise, de fourberie, d'insultes, d'hypocrisie et de haine disproportionnée.
Le silence m'était salutaire, l'indifférence des autres bénéfique, la solitude une passion de l'instant pour curer l'âme de ces déconvenues si vite arrivées. J'étais impassible aux allées et venues d’innombrables personnes défilant sous mon regard vide de sens et de présence, mon esprit valsait ailleurs pour se consoler de cette impromptue écorchure qui lui était tombée subitement.
Je devais aseptiser la mémoire, ne point se laisser emporter par les flots d’inouïs souvenirs ne creusant que la profondeur de cette plaie qu'il fallait aider à cicatriser quand j'entendis la douceur de cette voix tendre sur ce visage angélique qui me saluait avec enthousiasme. 
Un enfant qui, courant derrière ses parents indifférents à ma présence, s'était arrêté pour me tendre sa petite main avec un plaisir contagieux : " Bonjour Monsieur"
Un geste aimable qui eut pour effet de briser cette lourde charge qui commençait à étouffer la résilience dont j'ai toujours fait preuve. Je lui tendis ma main en retour, il la serra avec vigueur dans la sienne jusqu'à secouer mon bras sous les regards étonnés et complices de ses parents qui, à leur tour, me saluèrent les mains levées. L'innocence de cette rencontre me fit prendre conscience que les bonnes âmes sont nombreuses sur la terre, elles n'agissent qu'au nom de l'unicité de la race humaine sans calcul humanitaire et de compassion. Ce fut un réel petit bonheur mieux que bien d'autres éphémères et évasifs provenant de l'imagination des gens inconscients et superficiels comme des feuilles mortes d'arbres ballottées par le vent ce matin sous le bois.

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