La vie te fait homme à sa façon...

Je me résignai sous le poids d'un lourd silence, son souffle doux m'infusait un mutisme de la douleur : des mots éteints s'entendaient dans le fond de mon être rempli de souffrances. Je me mouvai dans l'air comme un électron libre, mais ployant sous le quintal d'une main invisible qui me déversait une salve de maux légitimés par des préceptes ayant reçu l'aval d'une certaine majorité. 
Je ne savais que ma voix ne pouvait que rencontrer la puissance de l'indifférence, alors je luttai derrière mon regard hagard d'homme survivant à une précarité attenante afin de lui donner une consistance de vie, une dignité. 
J'avais honte de me regarder sur une glace, voir mon visage assailli par les sillons creusés par ces maux silencieux transperçant les profondeurs de mon âme de tous bords. Je m'obstinai à vivre ma passion des lettres malgré la pertinence de cette misère qui, comme un air doux, balayait mon visage en livrant mon prestige émietté, que mes mains tenaient avec précaution afin qu'il ne se dispersât, à la commisération des cœurs aimables. 
J'apprivoisai ces écorchures que le destin avait laissé perpétrer dans mon existence, en toute humilité, elles faisaient partie intégrante de ma personne, conditionnant en partie l'homme que je suis devenu ; surtout, j'avais appris beaucoup du silence, sa tendre sagesse m'avait façonné, je pouvais entendre ces mots silencieux susurrés que transportait le souffle du vent.

Commentaires

Articles les plus consultés