Le poète et la pluie...

Après la pluie, s'ensuit une quiétude où bruit le souffle éreinté d'un vent fendu par les incessantes allées et venues de ces tas de ferraille traversant à vive allure l'atmosphère. Sous un ciel qui ne luit que d'obscurité où ne s’aperçoivent que des lueurs de phares, l’ouïe perçoit l'infinitésimal son à répétition des crissements de pneus sur la chaussée de goudron enduite d'eau comme un linge à peine mouillé.
Le monde apparaît lessivé des souillures, une coulée tranquille d'eau infiltre les égouts où retentit une mélodie de gouttelettes s'écrasant avec allégresse sur le fond en béton du canal. La température ne cesse de baisser au et à mesure que la nuit s'enfonce dans les instants cruciaux de sa maturité lugubre : le froid devient indéniable.
Le silence bien cuit semble revêtir les temps de ses empreintes d'autorité ; il essuie d'un revers de souffle tacite la voix encore sonnante des hommes dans l'infinitude de son insondable volume, comme un puits sans fond, où retentit à brûle-pourpoint une inextinguible écholalie refusant de se dissoudre dans la douce tranquillité de ces entrailles.
Dans cette valse de résistance devant le quintal inévitable du mutisme, le poète sort de son étui d'homme ordinaire, s'inspire, soupire, puise dans les profondeurs de cette accalmie les flux des mots muets traversant le paisible tableau d'un monde devenu limpide après avoir été lavé par les eaux de pluie.

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