La belle anonyme dans le bus d'hier soir....

La vitre à cote de laquelle j'étais assis se remplissait d'images. D'images mouvantes. Elle était pleine de reflets. Les images d'hommes et de femmes bavardant, échangeant malgré cette mine fatiguée qu'accusaient leurs humeurs, des fois un sursaut d'enthousiasme leur permettait des rires, et, aussi des sourires qui compressaient les deux lèvres sur des visages à peine épanouis, bien que las.
Des mots indistincts, des bribes de paroles s'infiltraient dans les lobes , atteignaient les tympans, remplissaient la tête, enfin le cerveau décryptait la teneur de différentes conversations.
Une indiscrétion que je m'octroyais avec embarras, inévitable aussi, mais quelque fois nécessaire pour saisir la psychologie des gens vivant dans cette ville où la vie se reconstruisait à nouveau : ce lieu bien que loin de chez nous, où l'existence de nouveau se mettait à la disposition de notre destinée afin d'être façonnée.
Lorsque par inadvertance, j’aperçus ce pantalon blanc, lisse, bien rempli de chair : la chair de sa jambe bien pleine, une rondeur affriolante transpirant de sensualité, j'eus l'attention comme ressuscitée.
Elle était seule sur ce siège à deux, un visage imbu de charme et de lassitude, des lunettes suspendues sur son nez artistique, et un silence bouddhiste. Son regard était fixe, imperturbable, elle semblait rêver, plonger dans un monde fantasmagorique, son corps était dans le bus avec toute sa beauté de gamine affranchie, mais son esprit d'adulte était aspiré par les soucis d'adulte : le train train quotidien de la vie moderne où tout se compliquait malgré les discours nous promettant monts et merveilles.
Puis je la vis revenir à elle, dans un succinct sursaut, la conscience de l'instant lui était revenue, elle appuya sur le bouton pour descendre au prochain arrêt. Elle s'approcha de la porte le regard évasif, mais toujours charmant, et elle descendit quand le bus s'arrêta.



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