Une passion de la résistance...

Étendu sur son lit de paille, Nkubu, ouvrier de son état, fils d'ouvrier, petit-fils d'ouvrier, gendre d'ouvrier, méditait sur le sort de ses enfants, estimant que le sien était déjà bien entamé, presque scellé par la providence. Que les prières incessantes de sa femme n'y changeront rien.
Il avait suivi le discours télévisé du président de la république. Aucun espoir en était sorti, . qu'une série de mots déjà entendus. Aucune lumière qui lui permettrait de croire aux lendemains meilleurs même par un heureux hasard pour ses rejetons.
Pendant que sa femme dormait profondément, son esprit se refusait de se diluer dans l'ombre apaisante du sommeil qui ne cessait de le solliciter. L'obscurité de la nuit absorbait dans sa quiétude silencieuse les instants devenus muets, seul l'air bruissait avec impénitence au milieu de ce silence qui se voulait autoritaire : un silence caporalisé.
C'était aussi un silence marxiste léniniste. Un tumulte mutique où se tissait la rogne du prolétariat rêvant de briser les chaînes de paria qu'il portait depuis l’accession à l'indépendance jusqu'à cette énième législature de fait où la bourgeoisie compradore ne cessait de s'embourgeoiser.
Les pauvres ouvriers, produisant la richesse, n’espéraient plus la magnanimité de leurs patrons que des droits. Une magnanimité sur les petites mains qui bâtissaient leurs immenses fortunes depuis des années. Le cœur rempli de cette injustice nourrissait désormais une insurrection latente. Ainsi sur son lit de paille, la quarantaine révolue, l'homme sentait que le temps de parler et de revendiquer avait sonné, et que ça n'allait pas être facile, ayant l'habitude de durs travaux, il savait que la partie ne sera point des instants de joie, mais plus de solitude et de multiples souffrances. Malgré cela, il sentait en lui retentir un appel, une dévotion prendre pied comme une voie nouvelle qui se révélait à son esprit pour laquelle son être ne semblait opposer aucune résistance.



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