Avant que le pouvoir ne lui tombe entre les mains...

Un ensemble obscur de circonstances jaillit de ses souvenirs avant que le pouvoir ne lui ait été offert sur un plateau. Il se souvint de cet appel qu'il reçut au milieu de la nuit pour embarquer dans le jet de son ami israélien, avec qui il parlait affaires pour se faire un peu d'argent de poche ; l'armée n'avait que des titres à profusion ne garantissant aucun confort économique. Voulant jouir de sa jeunesse, il collabora avec quelques hommes d'affaires pour qui il se permettait de donner un coup de pouce par ses fonctions, quant à l'avancement rapide de certaines de leurs démarches auprès de l'administration des mines. 
Il se souvint de cette phrase insidieuse d'un homme d'affaires libanais qui lui fit la confidence, selon laquelle un jour, il sera président ; en lui expliquant qu'il était le potentiel dauphin à la fois biologique et pragmatiquement institutionnel dans le sens où il avait, de par sa position du fils du chef de l'état qui était son père, une certaine aura naturelle sur l'ensemble des forces armées, car bien souvent en Afrique, qui tient l'armée, tient le pouvoir. Dans quel contexte cela était-il possible? Il n'a osé poser la question.
Ainsi, avant l'assassinat de son père, des signes se sont multipliés dans la même thématique. Une autre fois, un diplomate, dans la capitale Kwasa Kwasa, qui l'avait invité lors de la fête d'indépendance de son pays, lui avait demandé de faire preuve de courage politique quand les événements pourront se précipiter dans le pays. De quels événements il s'agissait ? Il n'eut pas la présence d'esprit de continuer en profondeur cette conversation tout au long de la soirée, surtout avec la chaleur des retrouvailles autour des  différentes personnalités et notoriétés du pays. Quelques mois après, il entendit des bribes de mots faisant état de l'imminence d'un coup d'état dans le pays, le service de sécurité présidentielle s'activait à renforcer tous les protocoles. Se rendant au palais présidentiel pour rencontrer son père un jour où leur conversation dura plus d'une heure, il ne se permit point de révéler les petites déclarations que lui avaient faites le diplomate, bien que cela lui avait paru intriguant. Craignant l’hypersensibilité de son géniteur, il s'abstint de lui faire part de ces mots outrecuidants au risque de déclencher un incident diplomatique. Mais néanmoins, l'insistance brève de cet homme représentant une grande puissance occidentale, dont l'influence était controversée dans les récents troubles que vivait l'Est du pays, laissait présager un avenir ombrageux ...surtout pour son père qui ne cessait de s'en prendre à cette ambassade qu'il traitait de compositrice de mauvaise foi contre la souveraineté...
"Ce pays a fait tuer tous les leaders nationaux après l'indépendance, ne te fie pas aux sourires et paroles aimables, tu dois lire l’histoire pour connaitre la valeur de tes interlocuteurs, lui disait son père."
Il avait toujours soupçonné les diplomates occidentaux d'en vouloir à son pouvoir, plus encore ceux qui franchissaient avec facilités les portes de ces chancelleries. Ainsi, bien des fois, lui, le fils du président, chef d'état-major avait décliné bien d'invitations, pour ne pas subir le courroux de son papa qui n'aurait pas manqué de le soupçonner de traîtrise. 

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