Un regard qui me rappelle la nécessité que vaut la vie du poète...

Elle avait peur de cet oubli qui allait tout lui prendre, effacer toute son existence, comblant de vide son passé, son présent et son futur. Elle tentait de résister à cette obscurité que les rideaux du néant allaient noyer dans l'incertitude l'être en soi-même. Son regard cherchait une assurance dans mes yeux, une lumière pouvant rassurer son inconscience de vivre dans les bras de cette amabilité fortuite et gratuite d'un homme pour qui elle ne cesserait d'être le centre du monde. 
Son silence semblait sonder l'infinitude inexplorée de mon âme que je ne savais saisir, sa main sur la mienne était plus expressive que les mots que sa bouche pouvait prononcer. Je sentais croître une indubitable conviction de ce que valait l'humanité, la profondeur de sa dégénérescence aussi, une salve d'écorchures me pleuvait doucement et subitement, un désarroi se levait dans les abysses de mon esprit où, dans mon regard plongé dans le sien, je pouvais lire dans une clarté éblouissante les lignes entrecroisées de sa muette inquiétude, dans toute sa latitude et toute sa longitude. 
Mes instincts devenaient ivres de cette sensibilité à fleur de peau, cette brèche de jonction livrant toute ma susceptibilité à la merci des flux invisibles et visibles traversant avec défi le souffle du vent, afin de peindre dans une absolue exactitude cet au-delà imperceptible à l’œil nu. Ce regard me rappelait le mystère que valait la poésie, cette communion entre l'immatériel et le matériel. La transcendance.

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