Une rencontre surprise qui égaie la journée...

Sous l'emprise de la main de sa mère, l'enfant s'agite. Elle lui indique où se mettre, mais en vain, il a déjà une idée bien fixe de son emplacement. Bien couvert de sa doudoune rouge, avec son jean bleu légèrement grand, enfoncé dans ses bottes, il s'approche du siège en face du mien et s'y installe. 
La maman lâche la poussette qu'elle tenait pour lui signifier que ses semelles pouvaient me salir, " Maman, tu t'inquiètes pour rien le Monsieur m'a déjà dit qu'il n'est pas dérangé, lui fit-il remarquer", la mère confuse me regarda avec un sourire succinct et se calma. 
- Tu vois les voitures comme elles sont alignées les unes derrière les autres Monsieur, me lançait le gamin d'un air plein d'enthousiasme, ses joues rouges s'agitaient chaque fois qu'il parlait.
- Si je les vois...répondais-je le visage rempli d'une joie inédite en ce matin d'un froid agressif qui esquintait même les mines prédisposées à la gaieté.
- Dites Monsieur, pourquoi fait-il noir tout le temps? vous aviez remarqué aussi? me demandait-t-il les yeux fixant les miens comme s'il pouvait y apercevoir une partie de sa réponse avant que je me permette de lui en faire part.
- Nous sommes dans un tunnel sous la terre, c'est pour ça qu'il fait sombre, mais, dès que nous arriverons à la prochaine station, tu verras que nous aurons de nouveau la lumière.
L'enfant me regarda d'un air perplexe comme s'il avait peine à croire à ce que je lui disais, son visage candide se laissait peindre d'un doute que sa bouche ne savait trop exprimer. Il se tut et détourna son regard vers l'extérieur du train un instant, puis de nouveau, revint à la charge :
- T'as vu là...il y a des barrières, tu as vu hein! insistait-il comme pour me faire admettre une vérité que je réfutais. Tu as vu hein! me répétait-il.
J’acquiesçai avec un si si si presqu' excessif. Puis la mère vint le reprendre en lui tendant la main. Avant de s'en aller, déjà entrain d'agripper la main de sa maman, il s’arrêta et leva les yeux vers les miens : "Au revoir Monsieur et bonne journée", je lui réciproquai les mêmes mots avec une allégresse timide, mais que je ne savais cacher. Ils étaient descendus. Sur le quai, je le voyais marcher le regard épars et curieux derrière sa mère, qui tirait sa poussette avec lenteur. Une belle et tendre conversation avec cet enfant était un signe que ma journée était bénie, rencontrer tant d'innocence de si bonne heure est un véritable plaisir à l'état brut.

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