Le palais présidentiel le matin...

Un coup d’œil rapide sur sa montre, il se rend compte que l'heure impromptue ne l'a pas attendu. Dans trois quarts d'heure, l'ambassadeur d'une institution devrait venir. Vite, il ferme le jeu vidéo, se précipite dans sa belle salle de bain faite de marbre haut de gamme espagnol. Une salle qui est la réplique parfaite de celle de l’hôtel où il fut logé lors d'un voyage d'état à Amsterdam. Comme toujours, devant sa garde de robe remplie de costumes hyper classe, l'embarras du choix lui traverse l'esprit. Il se saisit du premier costume, s'en dessaisit, prend le second, non plus, sans conviction, le laisse. Finalement, le bleu foncé en face de ses yeux le convainc, il le porte après avoir enfilé une chemise bien blanche comme la neige. Un plaisir vif, mais tacite, traverse chaque matin son cœur lorsqu'il se met devant le miroir, sa belle image transpirant d'élégance l'affole qu'il ne sait s’empêcher un monologue pour voir combien son être s'enveloppe de charme.
Ce matin, il se rendit compte que l'esquisse de son sourire est d'une grâce bien fine et subtile. Un geste dont il se permit involontairement, qui devient une révélation presque, qu'il lui fallait le mémoriser pour en faire un tic. Une habitude pour auréoler son prestance d'état et d'homme. Ses pieds bien calés dans les chaussures de chez JM Weston, il sortit de sa chambre. Un garde du corps se raidit au garde à vous dès qu'il l’aperçoit. Quand il franchit le salon jouxtant son bureau, toutes les personnes assises se levèrent d'un trait, et sans les regarder, il tendit la main dans leur direction sans s’arrêter de marcher, chacun se précipitait pour la serrer dès qu'il arrivait à son niveau.
La dernière personne qui serra sa main fut son directeur de cabinet, celui-ci le suivit dans son bureau. En s'asseyant sur son siège, il poussa un long soupir le regard fixant quelques instants le plafond d' afrormosia à peine installé par l'entreprise de son libanais, représentant d'une entreprise de mobilier de luxe basée à Ghuangzou. Le directeur de cabinet le regardait avec des yeux remplis de dévotion comme un enfant attendant une faveur de son père, ses lèvres s'impatientaient de rendre service, son cœur s'épanchait de dévouement absolu. Gariba adorait l'instant de chaque matin à travers lequel il savourait le plaisir d’être chef, bénéficiant d'une autorité absolue, dont les effets étaient perceptibles sur les différentes figures de tous ceux qui travaillaient dans son minuscule palais présidentiel. Un palais réduit était mieux pour s'assurer une parfaite sécurité, se disait-il. Il a lu toutes les histoires d’assassinats politiques des chefs d’état dans leur palais en Afrique, ainsi, il savait que cela fut le sort de Joao Bernardo Vieira, d' Hailé Selassié, du Roi Tolberg etc...quand il posa ses yeux sur le directeur de cabinet, l'homme d'un air sérieux courba toute sa masse corporelle dans un excès de politesse pour ouvrir les dossiers sur la table, puis se mit à lui faire le résumé.

Commentaires

Articles les plus consultés