Une fin de pouvoir, un cauchemar qui point à l'horizon...

Le pouvoir, maintenant que son mandat arrive à sa fin, semble plus que jamais préoccupant. Les jours semblent vite s'écouler. Il aurait aimé les retenir pour s'approprier une éternité de planer sur ce piédestal que la destinée avait mis sous ces pieds depuis plus d'une décennie. Mais le temps faisait désormais partie de ses ennemis redoutables ; il avait réussi à l'incommoder dans la plénitude de cette aisance opulente qu'il s'octroyait au milieu du chaos ronconlais. Le Ronco, pays riche au cœur du continent, ne connait que des hommes-désastres depuis l'assassinat du premier président élu démocratiquement. 

Lui, Gariba, à peine la quarantaine révolue, s'est retrouvé à la magistrature suprême par un heureux malheureux concours de circonstances, malgré l'avalanche d'honneurs et d'avantages susceptibles de changer l'individu dans son identité, il n'a su conserver que sa naturelle timidité, qui ne laisse que rarement transparaître ses émotions : sa meilleure arme dans ce combat que se livraient les leaders de partis politiques pour gagner la sympathie populaire. 

Assis sur son grand lit de chez La roche bobois, en se réveillant ce matin, dans son palais improvisé au bord du fleuve, il pensait aux quelques mois qui le séparent de la fin de son ultime mandat. Dans les rues, la masse était déjà surchauffée par ses adversaires. Les lendemains paraissaient déjà des instants où il lui faudrait faire preuve de rigueur et de stratégie, car, il ne semblait pas prêt d’être mentionné sur la liste des ex présidents. Surtout, il avait en conscience cette probabilité d’être un futur sacrifice sur l'autel d'une certaine machination judiciaire à venir de la part de ceux qui lui succéderont. C'est plus à ce propos qu'il ne cessait de réfléchir , et, revoyait les probables infractions commises pendant sa longue période au pouvoir. La date d'expiration de son mandat devenait angoissante. Une angoisse lourde à supporter chaque matin lorsqu'il y pensait.