La question délicate de N'kusu au président...

Dès qu'il avait dit ces mots au professeur, celui-ci ricana brièvement, un sourire narquois qui ne s'apercevait qu'à moitié dans le bureau à moitié éclairé. Sur la chaise où il semblait coincer entre les deux accoudoirs, qui pressaient les flancs graisseux de son ventre coulant de son poids avec cette chemise et cette veste paraissant dépenaillées sous la pression de cette abondante chair dont il était si bien constitué. Il redressa avec une modeste difficulté son dos de la chaise, son regard vif et luisant reflétait une lueur timide des puissants projecteurs, dont les lueurs infiltraient les interstices entre les rideaux. Son visage devint silencieux, aucun son en émanait subitement, ses muscles maxillaires s’arrêtèrent de bouger.
- Encore un songe sur ton père! merde...cria le professeur en claquant les mains dans un accès de colère. Il me tape sur les nerfs maintenant ton défunt père, il te veut, il ne veut pas être seul dans son trou noir où il a été expédié par le bon vouloir de la destinée....merde, ce n'est pas vrai un tel acharnement ! Puis un moment de silence traversa les deux hommes, chacun, les yeux ouverts, semblait réfléchir...et le professeur se ravisa comme si une révélation venait d'éclairer son esprit obscurci par la colère et le désarroi.
- Puis-je te poser une délicate question, demanda-t-il avec un ton calme qui parut surprendre le président, qui reprit  ses esprits, pliant ses jambes comme s’apprêtant s'accroupir dans la position du lotus tant prisée par les bouddhistes.
- Oui, répondit le président d'un air embarrassé, car, depuis son accession à la magistrature suprême, rarement, l'initiative d’être questionné n'est venu d'un tiers, s'il ne l'ait  autorisée. Souvent lors des interviews avec des journalistes, dont chacun devait au préalable d'adresser ses questions pour ne point le prendre à pied levé.
Ses arcades sourcilières se froncèrent, en d'autres circonstances, ses interlocuteurs-collaborateurs auraient été intimidés, mais là, il s'agissait de son gourou, le seul homme de son entourage sur qui son charisme n'avait aucun effet. Il le savait indubitablement, et cela ne lui plaisait guère, il s'y faisait malgré lui. Il n'avait que ce choix, et en cherchait d'autres pour ne point lui être dépendant. Se rappelait toujours de la maxime de son père révolutionnaire, qui disait dans un meeting au peuple que la dépendance est le début de l'esclavage.
- Ton père est mort assassiné, j'aimerais savoir si tu es lié de près ou de loin à cette mort ? le nez du professeur vit ses poils d'intérieur se redressaient comme aiguillonnés par un aimant. Une pression latente s'y exerçait dans un silence devenu précaire, qui remplissait maintenant le bureau. Une tension timide cherchait à posséder les instants, les deux hommes se regardaient dans les yeux.

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