Les bienfaits du professeur N'kusu au président...

N'kusu, assis dans l'obscurité du bureau présidentiel, brûlait de l'encens et des feuilles sèches de goyaviers et d'acacias. Une odeur suave parcourait les couloirs du palais, une saveur qui rassurait le fort intérieur de Gariba. Une pleine satisfaction qui lui élaguait dans le cœur cette petite intrigue dont il ne savait se séparer depuis le songe qu'il avait fait. Un rêve où il se faisait mordre par un lion devant son père déjà décédé. Un tel songe apparaissant dans son sommeil n'était que mauvais présage, une menace de l'au-delà auquel il fallait vite une réplique appropriée comme ce fut le cas avec cette main invisible dont il sentait bien l'étreinte sur sa gorge dès les premiers instants de sa prise de pouvoir. Un pouvoir qui avait semblé peser sur ces épaules aux premiers jours, jusqu' à ce qu'il rencontre N'kusu, qui l'aidera à mieux s'intérioriser dans la peau du chef, car en Afrique, il faut être à la fois chef du visible et de l'invisible, lui avait-il précisé  lors de cette rencontre. 
En plus de ça, il sut par la bouche de cet érudit controversé et contesté, même par les siens, que l'esprit de son défunt père était toujours présent, entrain d'envier la place dont il ne s'était pas encore assez satisfait, et pour le dompter, il lui a recommandé regarder la photo de son père dans les yeux pendant trois jours sans fermer les siens. Ce qu'il fit avec volonté et dévouement, puis il lui fut encore recommandé de porter les habits ensanglantés que son père avait lors de son assassinat pendant un mois sans se laver. Après toutes ces cérémonies, ses nuits devinrent paisibles. Il se rendit compte combien son regard devint foudroyant, prenant plaisir à voir la crainte qu'il inspirait sur les visages de ses collaborateurs, surtout dans l'armée, où il usait de ses yeux terrifiants pour intimider les officiers supérieurs, avec qui les rencontres avaient été multipliées pour lui permettre d'asseoir son autorité mystique que lui avait procuré le professeur N'kusu à travers son coaching ésotérique. Se rassurant à satiété à percevoir la maxime de Machiavel sur la crainte du chef s'imprimait sur quiconque s'approchait de lui. Les titres de journaux ne tardèrent pas à vanter son charisme, et il en fut très fier. Même que le figaro évoqua le précieux mot qui le rendait si imbu de lui lorsqu'il fut de passage au sommet sur le climat en France : "le charismatique jeune président du Ronco, chez nous!"

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