Entrevue présidentielle avec le professeur N'kusu...

Le bal de visiteurs terminé, le président d'un pas empressé sortit de son bureau suivi de ses conseillers. Le soleil jetait déjà l'ancre sur les rivages du fleuve qui commençaient à s'assombrir. Dehors, les militaires échangeaient le tour de garde dans une petite cérémonie présidée par le chef de la sécurité présidentielle. Obsédé par son rêve de la nuit, Gariba ne pensait qu'à son rendez-vous avec le professeur N'kusu. Il l'avait connu par le biais d'un livre au titre ésotérique qu'il publia depuis quelques années. Le gars trapu, au ventre bien bedonnant, avec un visage dodu dont les joues pendaient jusqu'à envelopper le cou. Un type connu dans toute la ville comme une éminence grise en matière d'occultisme que ne se cessaient de vilipender les pasteurs des églises évangéliques. Le jeune président, dès les premiers jours de sa prise de pouvoir après l'assassinat de son père, avait connu des phénomènes incongrues qui avaient fini par le convaincre qu'il y avait quelque chose d'inexplicable arrivant dans sa vie. Chaque nuit, dans son sommeil, il avait l'impression qu'une main étranglée son cou au point où il sursautait en criant, ameutant ses gardes du corps qui déboulaient dans sa chambre, arrachant les rideaux, renversant les meubles en quête de la moindre trace de l'intrus, qui aurait dérangé le sommeil présidentiel. Puis, sa mère lui proposa la lecture du livre du professeur N'kusu. Un livre, rempli de théories, qui semblait expliquer timidement les effets de rencontre entre les morts et les vivants. La persistance de certains esprits disparus, sortant par rébellion des abysses de la mort, pour tourmenter les vivants par méchanceté. Ce livre n'expliquait qu'en partie ces inquiétudes spirituelles matraquant sa tranquillité la nuit tombée. Il en souffrait sans aucune possibilité de les faire cesser malgré le pouvoir dont il était détenteur. Alors, il prit la décision de rencontrer le professeur. Une rencontre secrète organisée par les soins de son directeur de cabinet une nuit de grosse pluie au palais présidentiel. Dès qu'il entra dans le palais, le visage du professeur se coloria d'un air acariâtre. Son pas lent s’avançait pour serrer la main tendue du président. Son regard balayait rapidement les quatre coins de cette pièce, et dit d'un ton intrigué : 
- Un esprit puissant possède ce lieu. Les cieux en sont bien conscients, il ne compte point s'en aller, il a toujours été ici, et compte y demeurer. Il sortit de la poche de sa veste en guenille des noix de colla qu'il mâcha avec insistance en marmonnant des palabres indistinctes, puis, se mit à cracher dans tous les coins de la pièce.
Le président perplexe laissait faire. Des éclairs traversaient la pénombre qui couvrait à moitié la salle décorée en bois. Un sentiment de satisfaction émergeait de son trouble latent. Avec respect, N'kusu s’avança et lui demanda s'il pouvait l'enduire des noix de cola mâchés pour le protéger avant d'entamer une conversation. Et, depuis cette époque, les cérémonies faites avec le professeur l'avait aidé à avoir un sommeil apaisé. Et même à s'assurer la stabilité de son pouvoir. Son rendez-vous du soir avec le professeur druide n'avait que comme but de comprendre ce songe où il était en insécurité avec un mort, son défunt père.

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