Gariba se confie au professeur N'kusu...

En face son mentor, maître initiatique du monde mystique, le président devenait presqu'un enfant avec une confiance infinie comme devant sa mère. Son cœur se remplissait d'une assurance notoire comme le souffle du vent, sûr de balayer toutes les surfaces dénivelées ou en altitude avec son courant insaisissable. Dans la lumière feutrée que dégageait la lampe en argent sur la table en bois noir, une fumée s'émanait d'un encensoir posé sur la table. Comme d'habitude, le professeur mâchouillait dans un bruit tonitruant des noix de cola, sa mâchoire s'enflait sous le coup de l’effort, les muscles maxillaires se dessinaient à fleur de peau dans une précision chirurgicale. Une barbe abondante couvrait ses joues remplies de chair, remplissant encore sa tête de bien de volume comme si ce dernier voulait égaler la taille de son corps gros et gras, au ventre ballonné à l'instar d'un rat de gouttières s'extasiant d'un excès de table. 
Les deux hommes se saluèrent et se mirent l'un face à l'autre dans un coin à moitié obscur du bureau après que la porte fut refermée par les gardes du corps, qui ne semblaient point avoir la même considération sur le druide professeur, à qui il imposait une fouille indécente pour s'assurer qu'il ne portait rien, qui ne puisse nuire à la vie du chef. Même qu'ils lui ont imposé de manger ses fruits exotiques et atypiques, indispensables aux cérémonies, pour vérifier s'ils n'étaient pas empoisonnés. D'ailleurs, bien des fois, le professeur s'est plaint chez le président, qui lui promettait de sévir sur ces mal élevés comme il les qualifiait, mais le comportement déploré ne faisait que se répéter. 
Il était venu à ce rendez-vous presque malgré lui - un avis présidentiel avait été émis pour demander aux militaires de le traiter avec égard - parce que son interlocuteur avait insisté, surtout aussi, cela était une opportunité de faire une requête spéciale pour son neveu dont les études s'achevaient dans quelques mois pour un poste bien rémunéré dans l'administration publique. Des faveurs de la part du président, il ne pouvait plus en compter, car elles étaient aussi nombreuses que les cheveux sur son cuir chevelu. D'innombrables avantages qui avaient des siens des gens comptant parmi les nantis, qui ne cessaient d'alimenter les ragots dans la capitale Kwasa Kwasa.
- Bonsoir Professeur...les images de mon défunt père ne cesse de remonter de l'obscurité totale de la mort où nous les avions emprisonnées... lors de la première cérémonie. Nous nous sommes retrouvés dans une clairière, avec lui cette nuit, entourés des lions, seul moi... qui ai été attaqué, disait-il d'un ton grave, le visage bien couvert d’inquiétudes. Ses chaussures de JM Weston cognant dans un geste intermittent le pavé de marbre couvrant toute la surface de son bureau. Ses mains passaient instinctivement sur les boutons manchettes dorées qui fixaient les manches de sa chemise sur les poignets, effleurant au même moment aussi sa montre Rolex.

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