Depuis Valencia, ton ombre me suit...

Les vélos de touristes circulent ici et là, la cité de la science bien imposante domine la ville de bout en bout, sa crête est visible à des milliers de mètres à la ronde, nul bâtiment ne semble rivaliser avec le charme étincelant que dégage son aura. Les yeux ne se passionnent que de sa prestance, une beauté architecturale pouvant rivaliser avec la splendeur de temples de Maya dans la forêt amazonienne. Une saillie de béton qu’aucun regard ne pouvait manquer pendant son séjour dans la ville de la belle rousse aux yeux verts, qui fait vibrer le cœur du poète des tropiques en quête de paix dans les contrées de plus en plus hostiles du vieux continent. Déjà, avant que le désenchantement ne s’empara de son âme, le poète ne la voyait plus, son absence remplissait de vide les passions inextinguibles de l’homme à l’encre intarissable comme la sève vivifiant les arbres dans la végétation sempervirente entre les tropiques et à cheval sur l’équateur.

Des fois, pédalant sur son vélo, zigzaguant sur les pistes cailloutées du Rio, balancé par la puissance du vent, il pensait à des mots tendres échangés sur la pelouse du parc non loin de Cortés Inglés. Les images lui étaient rendues par le passé dans une déconcertante facilité, sa mémoire se remplissait des palabres d'antan. Sa peau vibrait d’un incontinent plaisir des caresses que la péremption ne savait vraiment pas ensevelir. Ainsi se ralentissait sa course, son visage se comblait de mélancolie, regardant le carré d’herbes indifférentes qui les avait reçus dans cette fusion et cette effusion des tendresses sous la claire lune d’une nuit dans  Valencia. Le charme rebelle d’Imna était d’une présence envoûtante dans ce parc où des arbres invitaient le vent d’un geste lascif. Ces sourires du haut de son vélo réapparaissent, le poids de son corps dans ses bras se faisaient sentir comme ressuscité des abysses du passé. Les images de sa belle rousse avait une prééminence dans son esprit que rien ne savait détrôner. 
Ainsi, malgré toute la force de sa volonté à tourner la page de cette belle romance devenue fossile d'un temps dissous sur la ligne de l'histoire, il stoppait sa course. S'avançait vers le pré-carré d'herbes où ils s'affalèrent une nuit de septembre, ses yeux baignant dans la tendresse des siens bien verts; entre les mains de la belle rousse, une cigarette se consumait, une longue file de fumée s'envolait dans le ciel comme pour encenser l'instant d'une bénédiction nuptiale. Des mots sortaient de sa bouche avec emphase, des phrases construisaient la modeste complicité qui les avait unis. Nos mains caressaient nos corps enlacés sur cette pelouse du Rio. Nous rions à l’occasion aussi de nos propres entrefaites comme des adolescents que l'amour instruisait à sa guise.

Commentaires

Articles les plus consultés