Le soir sur les collines au-dessus de Messennaz...

Comme aux petites heures du matin, Messennaz se revêt de calme, une quiétude pleine de fraîcheur, il pleuvine aussi; un ruissellement s'entend depuis la petite rigole non loin de la fenêtre de ma chambre. La brume s'étend sur les vastes espaces désertés par les vaches, l'herbe sempervirente semble rassasier des gouttelettes, qui l'humectent depuis le matin. Un nuage blanc couvre l'horizon et le soleil n'a point montré son visage de toute la journée. Le crépuscule arrive lentement, teintant le ciel de sa couleur sombre dans laquelle sera noyée la blancheur encore perceptible des nuages. La température qui n'a pas été généreuse le jour baisse, empirant encore le peu d'acceptables degrés dont nous bénéficions. Le froid infiltre avec parcimonie les pieds et les mains en premier, puis le corps se sent conquis qu'il grelotte malgré qu'il souhaiterait faire un peu de résistance.
La raison m'invite à visiter ma garde-robe pour y extraire un vêtement, qui plaquerait le froid sur la surface de son tissu et me réchaufferait. Mes oreilles perçoivent des murmures d'insectes pour qui le noir du soir n'est que le début d'un intense instant d'activités. Le vent timide ne souffle pas sur ces terres humides, qui semblent avoir fait allégeance complète à l'humidité, on le sent qu'à peine, ou encore, sur les branches d'arbres en mouvement dans le vide de l'atmosphère, où elles sont en sustentation à ce tronc dont les racines s'enfoncent dans le cœur de la terre pour y puiser la sève indispensable à sa survie.
La petite route traversant la maison où je suis installé reste moins fréquentée, son bitume est bien mouillé, des fines coulées d'eau s’aperçoivent en toute discrétion que le simple coup d’œil ne suffit pour s'en rendre compte. Des voix d'hommes se mêlent dans une indistincte discussion, la cigarette fait partie de leur décor; des clopes se consument dans une vive allure, les mots sortent de la bouche encensés de fumée blanche comme pour les asperger de sainteté et de pureté dans un enthousiasme désintéressé. Des sourires ponctuent les entrefaites avant que ne continue de plus belle la foire des palabres, des galéjades lâchées presqu' involontairement surprennent, jusqu'à susciter des rires fous faisant oublier le mauvais temps régnant sur le lieu. La gaieté défie l'aigreur des mauvais temps, amenuise cette sensation de mal être que le climat se serait arrogé tel un droit d'écrire à sa guise dans le destin des hommes. Emmitouflés, bien au chaud, ils arrosent chacun de sa dose respective le sublime moment que nous partageons sur ces tendres collines de Jura suisse. 

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