Mon réveil sous le jour nouveau...

Tôt le matin, des voix s'entendent dans un idiolecte que je ne sais comprendre, les sons de toutes ces bouches qui murmurent au même instant s’étendent, rodent, possèdent les avenues et les rues encore désertes. Le silence que nous avait imposé la nuit se voit rompue, les hommes sont débout pour prendre à bras le corps le jour qui s'est levé. De ma chambre encore pleine d'obscurité que la nuit semble avoir oubliée, mes yeux se forcent de retenir le sommeil, qui s'évanouit dès que les premiers lueurs du matin font intrusion de le modeste lieu de mon intimité à travers les interstices de mon rideau mal tiré. Des draps sont pêle-mêle sur mon lit, mes orteils à découvert sentent la fine fraicheur du matin caressant leurs bouts, la conscience qui s'était assoupie dans les bras de Morphée se reconstruit, renait dans la lumière du nouveau jour, elle se rend compte qu'une nouvelle opportunité lui est offerte par le destin. D'un geste lourd et lent, je lève les bras pour soulever le corps encore engourdi, lui insuffler de la vigueur pour posséder le nouveau jour. Enfin redressé, je pose mes pieds sur le parvis en bois, qui couine dès que j'y suis bien débout, je prend mon pantalon pour y puiser quelques sous, juste m'assurer qu'ils y sont. Je draine mes pas vers la salle de bain pour aérer la bouche avec ma brosse à dents et le dentifrice, mon visage sur le miroir apparait encore boursoufflé, les traces de mes doigts sur lesquels il a été appuyé y sont bien visibles. Je le mouille pour en ressortir une fraicheur que j’estime encore endormie, qu'il faut réveiller à l'eau fraiche parcourant le moindre millimètre du corps. Ainsi, je laisse couler l'eau sur le corps après l'avoir savonné, que la souillure dont il se comble la nuit s'en aille dans les abysses des égouts. Enfin, je peux m'essuyer, je perçois déjà  une hypertension de vigueur et d'aisance,  me sens bien dans ma peau que l'eau a nettoyé méticuleusement. Tout de moi respire le plaisir d’être, comme une jeune pousse qui vient de naitre, attisant tout le bonheur de paitre sur les prairies de l'existence, s'assumer dans les modestes ambitions d'écrire de ma modeste main ivre de témoigner la couleur de ce que fut la vie à mon époque. Je m'assieds devant ma table de bois, essayant de m'imbiber de piété à travers toute la vulnérabilité que draine ma nature d'homme, laisser dériver mon esprit dans les profondeurs inexplorées de mon être afin d'y puiser de la vertu, qui me permettrait de supporter le monde et tous ses aléas. Je me tais pour ne point gaspiller inutilement mon énergie. Je sonde la vie et ce qu'elle vaut, surtout entre les hommes.

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