Une rencontre autour des lettres...

Enfin l'heure du rendez-vous avait sonné, je devais rencontrer les amis d'une association d'auteurs dans la région où j'habite. J'étalais mon lit tranquillement quand je vis un visage plein d'amabilité et de sincérité m'approchait. Sa voix était tendre, empreinte de beaucoup de politesse; je compris que la visite à laquelle je m'attendais venait de commencer. Nous nous serions la main avec la formule d'usage où le nom se prononçait avec réciprocité, sans oublier le sourire protocolaire. 
Je proposais à mes trois amis que nous puissions trouver un bel endroit hors du bâtiment pour parler de cette passion commune que nous avons autour de la feuille blanche: remplir les lettres sur du papier pour en faire une redondance des sons, des rythmes, et des mélodies plaisant à l’ouïe, drainant une essence enivrant l'esprit, satisfaisant la raison dans cet instinct auquel nul d'entre nous ne pouvait se départir, si ce n'était qu'en assumant son destin et ses dessins faits de lettres amoncelées pour en faire une histoire, dont le monde se satisfaisait à s'y perdre, plongeant dans l'imagination du conte, afin de percevoir les différentes facettes de la vie selon l’œil d'un auteur, maitre de l'irréel et du réel. Nous sortions dans cette rue marchande du centre de Lausanne que désertaient déjà les passants, moins nombreux que l'avant-midi.
Nos pas lents nous drainèrent d'abord dans une pâtisserie où nous achetions des jus pour nous et de la bière pour les autres; puis, nous nous installions sur une petite place encastrée entre des bâtiments un peu baroques, sous la bienveillance d'un soleil en fin de course, après avoir rassasié les hommes avec ses rayons chaleureux du plaisir printanier, annonçant l'extase à venir de beaux temps estivaux.
La conversation débuta timidement, quelques paroles que nous échangeâmes, puis les langues se délièrent, les mots plus fluides se disaient, des histoires drôles se racontaient sollicitant l'air de nos poumons à travers des sourires et des rires à profusion, une compréhension mutuelle prenait corps autour de la passion des lettres; écriture et lecture. 
Nous étions à quatre, dont deux amis et une amie, et moi. Trois quarts d'heure après la conversation, gentiment, un s'excusait pour s'en aller, et, une autre en faisait autant quelques minutes après. Deux demoiselles nous rejoignaient plus tard au même endroit. Avec le coucher du soleil, le froid commençait sa crue, nous obligeant à chercher un bistrot bien au chaud où nous pouvions continuer la conversation, qui n'avait point baissé en vivacité, ni en enthousiasme. Nous parlions d'Edgar Allan Poe, de littérature africaine, des auteurs congolais, du monde de l'édition, un peu de politique congolaise aussi, surtout de ma part. La conversation était restée pleine de convivialité jusqu'à l'heure de notre séparation tard dans la soirée. Avant de dormir, un sentiment rempli de bonheur inouï m'envahissait en constatant cette unicité de l’âme humaine dans le processus de création.

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