Le poète s'écrit, se décrit, se mire dans l'autre.

Le regard du prolétaire masque cette fierté sur mon visage depuis ces terres, où la providence laisse drainer ce qui me reste encore d'existence. Dans la lumière de ma solitude que je transforme en soleil d'inspiration, je me décris, lis le monde, refuse le sort inique que le destin laisse faire sur la courbe de ma modeste vie. Depuis toujours, mon regard d'homme ne veut se départir de la flamme de sa dignité, restant colorier de la vive couleur de cette estime de soi qui fait l'originalité de l’être en devenir que je ne cesse de parfaire chaque matin à travers la simplicité de ces mots tissant la toile de ce qui se meut dans mon fort intérieur. Je ne sais m'imposer une trêve dans le rêve qui satisfasse la modeste âme que je porte depuis que j'ai su ce que vaut le verbe sur la terre des hommes avec cette versatilité couvrant ces interactions liant les uns aux autres.
Devant le poids de la fatalité, je me livre à l'euphorie de textes pour ne point sombrer dans le désespoir circonstanciel, m'apitoyant sur le sort que je subis de plein fouet. Je m'enivre de déréliction souvent dans le silence de mes inquiétudes, non pas pour me noyer dans les eaux de la passivité et meubler le sépulcre de l'inanité, mais pour lire dans le fond de mon esprit ce que vaut l'homme que je suis face aux péripéties douloureuses traversant à pas feutrés ma modeste existence. Dans la fraicheur de chaque aube avant que le soleil ne brille dans le ciel, je lis dans les abysses de mon être affligé, sans perdre des yeux les efforts de construire et de consolider les espoirs sur les lendemains, surtout être utile au prochain.
Quelle noble aspiration invitant tout mon esprit à la responsabilité, à la bravoure pour voir ce dessin auguste prendre corps et faire tant soit peu le bonheur sur des visages semblables au mien, que les frustrations disparaissent pour que brille l'éclat des sourires sur les visages de l'enfance, bénéficiant pleinement de l'insouciance de leur âge. Je rêve de voir le monde rempli d'un indicible espoir pour les lendemains où le souffle tendre du vent remplace le crépitement des kalachnikovs, que l'homme serre la main de son prochain dans l’allégresse de la rencontre avec l'autre au-delà des différences pour ne voir triompher que le sentiment humain. Je reste foncièrement convaincu que rien ne peut effacer ce sentiment de parfaite égalité d'homme à homme, à travers lequel l'homme peut se voir en l'autre.  

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