Lausanne, entre le lac et le roc, vit...

La terre est humide le long de la berge, des vaguelettes s'y frottent avec tendresse, un vent timide balaie l'instant quand le soleil n'est pas encore avide de posséder le ciel. Lausanne se lève et les lumières ondoyantes calquées sur le lac se sont dissoutes dans la clarté du jour naissant. Le lac brille de sa complicité avec les rayons venus d'en haut après que l'obscurité ait été évincée de l'étendue des cieux. Le chant de la cigale s'est tu depuis le cœur de la terre, où elle s'entendait, les fourmis sortent enfin de leur demeure en quête de proie facile pour approvisionner leur monde.
Les oiseaux ont commencé leur ronde dans le ciel depuis belle lurette, volant dans la splendeur limpide illuminant les verts pâturages du Vaud et les charognes espèrent une dépouille dans le cafouillis de cette fraiche végétation, qui renait; ils voltigent dans les hauteurs hyalines au dessus du massif rocailleux ayant accordé son hospitalité à l'existence cartographique de la capitale vaudoise. La chambronne coule avec allégresse, son courant doux ruisselle avec tendresse: un bruit lisse perce l’ouïe, tellement d'une sonorité fine qu'il apaise l’âme en infiltrant l'esprit. Les pieds nus sur le bord de ce lac millénaire, où les eaux bourdonnent de gaieté en s’enlaçant dans une accolade pleine de lascivité jusqu'à ne fondre que dans une fusion de corps et revêtir une commune identité faisant la référence et la notoriété de la cité des hommes bâtie le long de ses paisibles cotes, je marche et observe.
Les cimes des montagnes apparaissent dans une immense majesté pleine de grâce, une noblesse s’aperçoit de leurs capuches blanches, regardant depuis le sommet la ville avec bienveillance en contre-bas. L'amplitude de l'entrain croit dans la ville, ses routes se remplissent des roues, des sous s'échangent dans le souffle marchand entre les individus, les bus circulent et les voitures parcourent les avenues. Le silence abdique devant la prépotence de la multitude de vies, bien débout pour accomplir leur destinée. Une ambiance croit, les dalles et le béton des ruelles ploient dans un mutisme complet sous les pas en incessants va et vient. Le soleil printanier sourit derrière les nuages translucides, un éclat rempli le matin qui devient beau, les rayons de chaleur douce extasie les peaux avides de se découvrir. Les jambes belles et galbées de lausannoises arpentent le centre-ville, cheveux lisses voguant au gré de vent, le sourire brillant de rouge à lèvres; elles paraissent insouciantes, le visage peint au rimmel et resplendissantes d'une jouvence de nouveau apprivoisée sur le fil de l'âge. Une cloche tinte dans une tonitruante chanson, à entendre le son, elle doit être grosse comme celle de la cathédrale de Mbata-Kiela dans mon Mayombe natal au fond de la forêt tropicale. 

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