N'kubu devient indifférent à l'horreur...

Les yeux remplis de menace, N'kubu se levait sous les cris de l'homme qu'il avait atterré, dont la cuisse laissait entrevoir cette chair incisée blanche et rouge d’où s'est écoulé un fleuve de sang, avec en fond cet os au couleur de neige imbibé de graisse; ne se voyant qu'à demi, parce que se couvrant de temps à temps autre par la fissure qui s'ouvrait et se refermait sous ses multiples gesticulations. La femme, horrifiée et les yeux exorbités, avait la bouche grandement ouverte derrière sa main malgré qu'elle n'émettait aucun son, pendant que l'autre main avait détourné le visage des enfants pour qu'elles ne s’aperçoivent pas de ce spectacle répugnant, dont leur père était l'auteur. La manche du couteau encore remplissant sa main pleine de sang, N'kubu sentait une décompression dans sa tête, réalisant la taille disproportionnée de son acte, mais, en même temps; il avait une impression de pleine liberté qui lui était si étrangère, que son esprit ne savait expliquer, il semblait avoir été affranchie de je-ne-sais-quoi. Son regard se posa sur l'individu qui se contorsionnait au sol, et aucune compassion ne s’éleva dans son cœur, au contraire, un sentiment de satisfaction paradoxale s'emparait de son être avec excitation, le laissant un peu perplexe, qu'il ne sut vraiment se distinguer dans la sienne nature. Il essuya sa main sur un bout de tissu, et convia sa famille à le suivre à travers les rues agitées qu'était devenue la cite des mines. Une lumière timide clairsemait le ciel dans un brouhaha fait des déflagrations d'armes à feu, du tumulte des voix apeurées, des vrombissements acerbes des véhicules sur la chaussée en quête d'horizon paisible, le trottinement des pas de piétons soulevant une nuée de poussière. Les pieds martelaient le sable dans un rythme lent, plein de fatigue, et pourtant, personne ne s’arrêtait pour se reposer; il fallait se mettre hors de danger, et la cohue ne faisait que s’épaissir sans désemparer. N'kubu arrima les siens à cette longue marche pour la survie, pendant que les premiers éléments de la brigade des parachutistes remontaient dans la direction contraire à la foule. Les militaires, le visage coriace, étaient armés jusque dans la moindre poche de leurs tenues, portant des munitions enlaçant le corps dans une affection lugubre; injectés d'une certaine ardeur, leurs yeux paraissaient remplis d'une hargne à en découdre avec l'ennemi, qui a troublé la paix précieuse dont ne cessait d'évoquer le commandant suprême des forces armées comme étant un de ses plus beaux cadeaux offerts au peuple, lui, le parent des parents, à la tête d'une nation de millions d'individus.

Commentaires

Articles les plus consultés