Le poète lit dans les yeux du Révérend Martin Luther King...

Le soleil étendait ses rayons sur chaque millimètre du centre-ville sans parcimonie, les premiers camions avaient déjà ravitaillé les magasins et l'économie n'attendait plus que la clientèle pour que les affaires tournassent. La cloche de l'église St Laurent retentissait dans un gong tonitruant, qui possédait les airs et son écho ne pouvait manquer aucune ouïe. Non loin, s'apercevait un groupe d'albanais dont l'idiolecte plein d'emphases donnait l'impression d'une altercation que d'une conversation, sur le perron de l'église, le visage pensif et bienveillant du révérend Martin Luther King regardait le monde d'un œil compatissant, il semblait réfléchir sur le sort de l'homme et de l'humanité. Dans ses yeux se lisaient à la fois le passé, le présent et le futur que l'homme avait porté dans son cœur lors de l'accomplissement de ces gestes qui fit de lui une icône  transgénérationnelle traversant avec toute la passion de son âme les époques ayant succédées à sa disparition tragique.
Sur ses pupilles s'étaient fixés pour l'éternité le ciel de Memphis dans le Tennessee. Depuis ce balcon où il a été assassiné, son esprit s'en est allé, libre comme un oiseau libéré de sa cage pour s'envoler vers le monde entier essaimant et inséminant les esprits de toute la bonté et de toute la vertu que drainait l'être de son vivant, qui avait été une référence pour ses contemporains jusqu'à devenir une référence intemporelle, sur qui la notion de péremption devenait impuissante pour l'éternité. 
Son rêve d'humanité plein d'amour reste encore en suspens, tut par le grondement des canons écrasant la vie dans tous les âges, toute la sagesse qui pend encore avec pertinence dans les mots contenus dans ses discours ne semblent point avoir d'emprise sur ce présent chaotique, qui nous dessine une certitude des lendemains remplis d’inquiétudes, où les hommes s’entre-tuent dans une facilité déconcertante malgré l'avalanche de bonnes intentions remplissant les discours.
Son silence sur ce portrait pendant sur le frontispice de l'église St Laurent ne souffre point d'avarice de mots, l'onde expressive de cette sagesse qui y transparaît se répand sans désemparer nuit et jour dans les confins de la ville. Encore imperturbable ce matin, dans sa solitude figée sur cette impression où son visage plein d'attention regarde cette rue jusque là déserte, ces mots de révolte et d'amabilité comblent le présent, mais les oreilles et les cœurs semblent y être d'une insensibilité génétique et congénitale, la haine croit dans une désinvolture surprenante: insidieuse ou ouverte, les hommes en font une vertu des temps modernes au nom d'une certaine malignité pernicieuse. Dans le silence derrière ces yeux de Martin Luther King, le poète lit à la fois l'inexorable foi à l'espoir et l’inévitable stupéfaction devant la croissance du désespoir, comme lui, il médite sous le ciel de Lausanne où son destin s'écrit.   

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