La beauté du matin depuis les hauteurs...

L'horizon est brumeux, les montagnes remplies de silence, les arbres immobiles observent la clarté du jour prendre quartier, la pelouse humide de rosée n'attend plus que les premières vaches qui goutteront à sa fraîcheur que la nuit a garni de bonhomie. La vallée est timide au loin, des carrés entiers s’aperçoivent avec différentes couleurs vives: le jaune y est prédominant, difficile de ne pas le remarquer, ce sont des fleurs de colzas que le printemps féconde avec le beau temps qu'il draine. Le bruit des hommes comme ceux qu'on entend quand le matin se lève dans la ville est presqu’ inexistant sur la montagne, où des concerts diurnes retentissent de multiples oiseaux dans le ciel, qui ivres de la lumière du soleil timoré voltigent dans tous les sens. Le poète soupire devant cet immense espace qui s'étend devant ses modestes yeux, y voit une liberté absolue à travers laquelle la pensée peut se mouvoir, ainsi son esprit s'envole comme un oiseau vers les altitudes pour palper l'essence de se sentir libre. Dans le silence de ses lèvres s'entonnent des cantiques pour ses hier nostalgiques de la vie dans le pré carré de la terre des hommes où sont enterrées les dépouilles de ses aïeux. De la forêt  paisible qui m'entoure, j’entends des murmures sous les feuilles en décomposition, mon âme sensible perçoit une vie invisible qui s'y meut dans une quiétude pleine de componction, et mes pas saouls de solitude se laissent abandonner sur ce sentier caillouteux menant vers les entrailles de ce sommet où la nuit fut douce. Un vent doux agite les feuilles qui bruissent extasiées de cette tendre caresse, le moindre bruit semble amplifier dans un écho qui se répand rapidement dans les confins de la forêt où j'erre sans désemparer, aucune idée fixe ne traverse ma tête, si ce n'est qu'un sentiment d'apaisement remplissant tout le volume de mon être, heureux de paître dans cet inépuisable paix dont les lieux sont si imbus. Au et à mesure que je marche, le poids de mes inquiétudes s'amenuise, s'épuise lentement comme égrainer par le charme tacite que reflète le paysage humide sous les arbres. M’arrêtant devant un gros arbre, témoin de bien d'époques qui précédent ma promenade, je tente de lire dans son écorce le verbe de son existence depuis il a été planté. Les scarifications du temps sur son écorce sont bien expressives, alors débout à proximité, j'observe ces lignes creusant sur la surface, laissant mon intuition et mes instincts inséminés par les mots muets de ce conifère fort qui semble immuniser à la sénilité.

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