Sous la pluie à Lausanne, nous rentrions à la maison.

Nous étions plein d'entrain, son sourire sans interruption illuminait son visage doux, un interstice dentaire s'apercevait chaque fois que ses lèvres pouvaient prononcer des mots. Lausanne était pluvieuse, les rues mouillées laissaient couler des petites rivières douces serpentant le long des pentes jusqu'à glisser dans les égouts. Il s'entendait les fracas des flaques d'eau s'écrasant sur le béton, probablement l'écho se répandait dans l'obscurité de sous-terre. Nous nous regardions dans une complicité des regards plus qu'expressifs, son visage illuminait d'un indicible enthousiasme que sa bouche ne savait traduire en mots. Le train avançait de gare en gare, les hauts parleurs criaient gare à chaque proximité d'une prochaine station, les passagers concernés se  voyaient avertis, s’apprêtaient en se rapprochant des portes; et, dès qu'elles s'ouvraient, un vent frais entrait dans l'habitacle, rendant encore plus aigre l'atmosphère que les conversations multiples n'arrivaient à réchauffer.
Debout, nous observions le paysage dans le silence, une certaine absence semblait emballer nos esprits, nous paraissions absorber par la beauté de ces arbres et de ces fleurs que la chaleur du printemps fécondait dans un cycle millénaire, qui satisfaisait les yeux des hommes avides de consommer le charme que la nature mettait à leur portée. L'allure du train ne cessait de ralentir, une certaine lenteur imprimait son rythme. Nous nous approchions du terminus, les gens se levaient de là où ils étaient installés, s'alignant les uns derrière les autres. Quand les portes s'ouvraient, d'un pas hâtif, ils se ruaient dehors, chacun pressait de rejoindre sa destination malgré la pluie incessante. Sur la chaussée, les pneus crissaient sur le glissant goudron couvert d'eau, il s'entendait un frottement régulier interpellant l'attention avec délicatesse.
Le noir des pneus semblait resplendir dans un éclat ravivant la teinte, des gouttelettes s'injectaient en l'air à une hauteur modérée à chaque roulement drainant un véhicule dans sa trajectoire. Nous nous arrêtions sur le bord de la route, attendant que les feux s'allument pour traverser. Le rouge brillait encore avec vivacité, il nous impatientait dans cette attente qu'il nous fallait avant de franchir la chaussée. Nous posions le pied  sur le goudron dès que le vert prenait place sur le panneau de signalisation, de l'autre coté de la route, nous arrivions avec soulagement. Enfin, nous pouvions entrer dans l'immeuble pour rester bien au chaud.

Commentaires

Articles les plus consultés