Au marché Gambela, le matin...
Le marché commence dès le matin,
des pousse-pousse remplis de marchandises sillonnent déjà les allées, les
tables se nettoient. Un tumulte s’élève depuis la timidité qui couvre les
instants matinaux. Les vendeuses en alerte observent les passants en leur
proposant ceux de leurs produits déballés et étalés. Le soleil monte dans un
ciel bien clair, sa chaleur s’intruse dans la fraîcheur de tendre matin, qui se
réchauffe de plus en plus. Des saveurs montent des gargotes où des mets bouillonnent
sur des brasiers ardents, l’odeur bien épicée rivalise avec le remugle pestilentiel
des égouts à ciel ouvert remplis d’eau verdâtre et puante, sur la surface de
laquelle nagent que des détritus de tout genre en passant de la cellulite, au
bio dégradable, des sachets plastiques jusqu’aux excréments de toutes les
espèces vivantes.
Les porteurs chargés de baluchons font les va et vient des entrepôts
jusqu’aux tables pour y déposer les marchandises, les taxi-bus ne cessent déverser
du monde dans une incessante ronde, le bruit augmente et le marché devient de
plus en plus animer. La meute des sans toit de tous les âges, pour qui le marché
est à la fois le dortoir et le centre opératoire pour la survie, est en alerte
maximale pour s’assurer la survie, faire que la journée, la leur, ne puisse être
frappé de caducité, mais plutôt de rentabilité ; alors, elle observe les gens
qui vendent et qui achètent, cherchant la moindre des imprudences des concernés
pour en faire une belle opportunité de bénéfice.
Aux aguets, les enfants de la
rue circulent l’œil bien à l’affût, incitant tout le monde à la prudence
maximale, car nul n’est dupe, tous savent à quoi rime leur manège, des fois
rempli de sollicitude pour amadouer même les plus avertis. Les haut-parleurs
diffusent une musique chrétienne à tue-tête, qui se répercute dans toutes les
oreilles comme un marteau piqueur, sur les visages renfrognés de chaleur et de
sueur dégoulinante s’affichent une certaine fébrilité et une contenue impulsivité ;
les voix stridentes de marchands hèlent les clients en leur proposant les prix
les plus favorables à leur bourse. N’est point aisée la circulation dans cet
espace comblé des établis de bois aux tôles rouillés où s’improvisent des
lourdes bâches pour assombrir les allées et permettre aux clients de se mouvoir
au frais que de cramer au soleil en faisant les courses, ce qui ne leur
permettrait pas de dépenser avec un minimum d’aisance.
Du côté de friperie, les
habits pendent sur des cintres, des ballots se défont en attirant une flopée de
gens espérant tomber sur une surprise agréable, en quête perpétuelle aussi, les
enfants de rue s’immiscent dans cette confusion avec l’espoir de faire payer aux imprudents le prix
de leur inattention ; surexcitée, la vendeuse veille à ce que rien n’échappe
à sa vigilance, que ce soit une
opportunité de vente ou une tentative de vol, son œil et sa bouche y veillent pour
réprimer la moindre incartade. Déjà, il s’aperçoit de le commis de l’administration
du marché, parcourant de table en table pour récolter la taxe journalière que
doivent payer les vendeurs pour le service de propreté du marché malgré que l’hygiène
est à déplorer depuis belle lurette, d’ailleurs des tas d’immondices empestent
l’atmosphère, que les narines s’y sont accoutumés. L’indifférence devient une
qualité pour supporter cette odeur nauséabonde, de passer et repasser à travers les allées pour faire
aisément ses courses.
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