Le football fait rayonner la nuit...
Des klaxons à tue-tête sur les
rues, des drapeaux flottants ici et là, des cris traduisant cette effervescence
dont le temps est si bien rempli. La soirée promet d’être chaude, plus
mouvementée avec cette victoire que venait de s’arroger le Portugal devant la
Croatie. La place du Flon bondé de monde ne désemplit pas, au contraire un
afflux ne fait que se constater, surtout des jeunes, leurs clopes illuminant
des lèvres bien mobiles, parlant avec volubilité ; ils sont bien souvent en
groupe, en eux, brille une certaine ivresse de leur âge que leur déverse
l’instant nocturne, des rires sont stridents, les voix s’entremêlent dans un indescriptible
brouhaha, on sent la lumière que la vie peut injecter au temps, fût-t-il tardif
ou de bonne heure.
La nuit semble avoir été évincée,
seule sa teinte trône encore avec ténacité dans le ciel obscurci, sur
l’esplanade de la place de l’Europe, l’heure est bien inquantifiable,
l’ambiance est intemporelle, nul ne sait vraiment en trouver un équivalent par
comparaison à ce qu’a toujours été cet endroit la journée. Cette pléthore de
jeunes ne peut que ramener à mes propres années d’adolescence, à l’insouciance
et à l’ivresse de consommer pleinement les moments que nous concédait cette
belle époque de la vie. Les moteurs vrombissent dans un bruit tonitruant, le
drapeau portugais flotte avec impénitence dans la ville affligée par la défaite
inopinée de son Équipe nationale : la Suisse a été battue par la Pologne in
extremis aux tirs au but. Les rues semblent se revêtir d’une chaleur tropicale
que leur insuffle cette victoire portugaise. Le bar sous le pont Bessières,
fréquenté par la communauté portugaise, se comble de monde, tout allègres, un
verre suspendu à la main, trinquant aux exploits de leur nation d’origine loin
du deuil que supportent les Suisses de souche.
« L’un d’eux, m’avoue que si la
Suisse avait gagné, ça aurait été un plaisir pour lui, et que cette défaite
était une tristesse que consolait cette victoire à l’arraché du Portugal », en
plus l’été, c’est la maturation de la joie après avoir été malmené par le froid
d’hiver et un printemps bien maussade. Des bières se consomment à profusion,
des toasts se partagent sans ménagement, à tort et à travers même, les
conversations vont du coq à l’âme, finissent par des rires à gorge déployée.
Nous vivons, me semblait-il, que les prémices de ce que la nuit peut nous
offrir, mais déjà l’intention de rentrer à la maison que manifeste l’amie qui
m’accompagne me font souffrir derrière mon silence et ce sourire insouciant que
j’affiche sur mes lèvres, timides, de prononcer mon envie de rester pour
bénéficier de ce désir plus que subit mon esprit dans cette atmosphère estivale
que ravive cette victoire de la nation de José Saramango. Le football a les étendards
bien élevés, rassemblant les joies et les tristesses des hommes à travers les
villes européennes et mondiales avec des stars de renommée internationale. La
télévision relaie l’événement en direct la vie quotidienne de chaque coin du
globe. Le divertissement assuré.
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