Je souffre des maux et souffle des mots...
Dans le creux de ses tendres
mains, quelques fois je rencontrais le réconfort, l’être affaibli par le poids
de l'affliction me rongeant se sentait fortifié, lorsqu’étendus devant la vastitude de ces eaux
paraissant infinie, nous mirions l’horizon écarlate où le soleil semblait se
diluer dans l’insondable vide, d’où il sortait chaque matin pour que le jour
nous fût un indéniable attribut. J’entendais bruire nos corps se mêlant dans un
élan de tendre désir que nous nous attelions à garder pudique, cela nous
paraissait mieux, car nous approfondissions une mutuelle compréhension des
choses et du monde. Des fois, bien qu’elle fût présente, brillant de sa
timidité candide pleine de charme, la mélancolie et la nostalgie m’embarquaient
vers la fouille des souvenirs, incisaient des plaies que j’eusse crues guéries,
enclenchaient des larmes tacites qui inondaient le cœur meurtri de l’homme que
je suis – survivant inespéré d’une mort probable que le destin avait décidé d’épargner.
Sans la pertinence et l’existence de l’amabilité, le feu de la déréliction me
rongeait les trognons jusqu’à faire d’une épave le modeste homme dont je rêvais
faire de ma modeste personne. Surtout cette infinie tendresse dont elle me
couvrait loin de toute compassion, une dévotion affective dont se nourrissaient
toutes les éraflures dont mon âme s’était recouverte depuis que la précarité
était devenue un ami fidèle, un compagnon de route qui marquait ses pas
derrière ceux dont les empreintes parsemaient la courbe de ma destinée.
Plus cette intimité prenait du
volume, grandissait au fil d’un temps bien que précaire dans lequel je me
laissais fondre parfois dans le désespoir, je restais aussi sensible afin que
rien du poète ne mourût dans les abysses de mon esprit, ainsi pouvait se
féconder un texte dans les dédales de ma sensibilité inséminée par la beauté de
ce paysage où se castrait désormais ma vie sous le paravent d’un mi-homme que j’étais
devenu.
Le poids de l’absence me pèse sur
les épaules, me sens aspirer dans ses cavités béantes où mon existence se
coltine d’insignifiance. Sur les traits
de son visage, mon être oublie sa pénitence, dans la finesse de tes gestes, la
sève d’un enthousiasme inextinguible comble un désarroi lancinant qui
matraquait mon silence, qui apprivoisait cette douleur épique s’anesthésiant
depuis la souche où elle a été enracinée.
Des fois, quand elle fermait ses
yeux pour s’assouplir, l’aurore d’un charme inusité resplendissait sur son
regard devenu juvénile : une fleur de tournesol qui avait éclos dès les
premières lueurs du printemps. De son sommeil transparaissait une quiétude inouïe
dont le monde a besoin, afin que se taisent à jamais les tonitruants canons qui
endeuillent les familles, brisent l’harmonie indispensable à l’épanouissement
de toute existence sur la terre des hommes. Dans les airs, j’entendais bruire
les feuilles d’arbres courbées par le souffle du vent. La vie se conjuguait et se consommait.
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