Ce que je lui confesse à Dorigny avant qu'elle ne disparaisse...



« Le charme de ton visage équivaut à la lumière de tendre matin quand le soleil se lève, la douce température des temps suaves quand la chaleur de l’été s’en va ; la sainte tombée de feuilles quand le vent souffle sous le bois des arbres brunis par le froid ascendant. Mon regard se perd dans la tendre innocence de tes yeux blancs comme l'éclat de la neige, mes oreilles s’enivrent de ta voix veloutée et, ma peau s'extasie de volupté. Ma langue refuse de se retenir et laisser mourir au seuil de mes lèvres ivres les mots pour réciter l’envergure de la passion qui emballe mon être chaque fois que je peux me noyer dans la sollicitude qui transparait de la pureté de tes gestes, lui dis-je. »
« Dans la pénombre que transpercent quelques rais de pleine lune, sous ce bois rempli de quiétude, au bord du lac Léman, à Dorigny, où nos pas nous conduisent, il s’entend bruire la chambronne qui coule, ainsi que tes sourires retentir ; le vent est silencieux, sa caresse fait tressaillir la surface des eaux de plaisir jusqu’à déverser des vaguelettes sur la berge au bonheur du sable et du gravier qui s’y trouvent s’extasiant dans leur complicité millénaire. Dans les tréfonds de mon cœur se tissent des phrases de toutes les couleurs égayant de chaleur l’être que je suis devant l’incandescence de ton  élégance. Au milieu de mon mutisme, des sons s’élèvent pour bannir l’indifférence, réveillant cette sensibilité à fleur de peau : la fertilité de mon âme devant la beauté qui illumine son être. Au confluent des romances et d’inflorescences que se dessine toute la bonté de ton cœur que nul ne sait voir, je peux percevoir sur la ligne de ma modeste destinée le délice inouï d’être à tes côtés, partageant la quintessence et l’essence de tes allégresses tacites humectant de jouvence les contours de ta trombine, continuais-je  »
Quelques lueurs infiltrent l’obscurité ambiante de sous-bois, livrant à l’œil nu la coulée de la rosée sur les feuilles vertes, exposant l’éclat sempervirent de cette végétation foisonnant dans la complexité des branches et des lianes s’entremêlant, sortant de cette terre humide d’où elles tirent la substance pour survivre et resplendir à l’air libre ; sur les sentiers parsemés de sciure de bois, nos pieds en train de marcher s’amortissent, rebondissent, avancent, l’un après l’autre, à la queue leu leu. Je contemple ton corps se déhanchant à chaque pas, tes courbes brillant de sensualité et la flamme du désir croissant réchauffe le thermomètre de mes appétits concupiscents, me mords les dents pour ne point passer des rêves aux actes. 
Nos mains enlacées dans cette complicité tacite se transmettent des pulsions, nos cœurs communient, nos envies s’enlacent, nos raisons résistent à s’immoler sur l’autel de la passion, l’attirance se multiplie et la balade se prolonge. Quelques fois, ma timidité reprend le dessus, je me ronge les ongles, les palabres désertent la bouche du poète que je suis, le silence m’embarrasse, l’ennui me brasse, le gêne s’accroit, ma gorge étouffe de ce goulot coinçant la fluidité que nécessite l’instant dans l’échange de mots. Puis… sa voix sonne le glas de ce mutisme inapproprié, elle me parle pendant que sa main caresse mes veines visibles sur ma main qu’elle tient. Je réponds, reprends goût à la conversation marchant sans désemparer.             

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