Dialogue avec la pétillante voisine...
Elle parlait en étendant ses bras
comme pour extirper une lassitude qui avait conquis son être, ses mains en
l’air s’agitèrent un instant que j’ai pu voir ses aisselles glabres, sensuelles
que mes lèvres s’hallucinèrent déjà de les embrasser pour en sentir tout le
charme. La flamme de la passion devenait tellement pressante que je n’imposais
plus aucune restriction dans la contemplation de sa silhouette. Derrière sa
petite robe transparente, ses courbes s’offraient éblouissantes que mes yeux
s’enivraient comme dans une séance d’hypnose. Sa fine bouche me marmonna
quelques petites palabres qu’il me semblait n’avoir pas bien saisies. « Je
vais aux toilettes, pourrais-tu veiller sur mes affaires le temps que je
revienne », il m’a semblé avoir écouté… déjà débout, elle dandinait le long
du couloir le postérieur valsant à chaque pas comme le voile d’un bateau secoué
par le vent. Une envie grandissante comblait mon cœur, je m’efforçais de la
tempérer avouant au même moment l’impuissance de ma continence dont les digues
s’effondraient. Je ne souhaitais plus que de connaitre la station où devrait
descendre la belle inconnue du train. Les effluves de son parfum m’étaient
restés comme la trace de son ubiquité dans son absence momentanée. Toute ma
pensée était obnubilée par son aura, mes priorités s’y étaient dissolues, rien
qu’à elle, je ne cessais de penser.
Des pas retentirent sur le
couloir rapidement et, elle disparut. Une impatience germait dans mon esprit,
une envie de la revoir m’emballait aussitôt comme lors d’une séparation
d’ultime rencontre, j’imaginais comment m’épancher, quels mots pour dire ce que
mon cœur éprouvait pour elle. Je tentais de teinter mon attitude de maîtrise et
de calme pour aborder l’instant avec tact, et ainsi, m’exprimer en toute
assurance. Quand elle me réapparut, rayonnante et souriante, elle s’assit à côté
du siège qu’elle occupait avant, se permettant ainsi de bien me voir, ses yeux
fixaient sans atermoiements les miens.
Une lourde hésitation pendit sur
ma langue, des mots disparurent tout à coup, mon souffle s’estompa à prononcer
le moindre mot qu’il me fallut un effort presque titanesque pour articuler rien
que la première phrase. Dans son regard délicieux et silencieux qui me mirait, une certaine condescendance s’apercevait,
un brin de supériorité maligne d’une divinité qui savait lire les mots qui se
dessinaient dans mon esprit, je commençais à me sentir bien petit. Ma raison se
rebella devant cette scène où les instincts voulaient juste par passion me contraindre
à l’humilité de ce moi, si chèrement entretenu, pour conquérir le charme de ma
pétillante et sémillante voisine. Mes mains que je ramenai sur mes lèvres s’entrecroisaient
et se frottaient, elles bruissaient doucement, puis ma bouche parla :
-
Serais-tu une étudiante en art ? parce qu’en
toi, il se lit une architecture artistique dans les gestes et les dires, même
que ton accoutrement en traduit une certaine image.
Elle sourit un instant, se
caressa le front légèrement et répondit :
-
Non, je fais du street art, je peins dans les
rues et les endroits désaffectés pour leur donner une vitalité qui parait éteinte
avec le mot « désaffecté » et aussi pour rallumer une vive
gaieté des décombres de l’oubli où l’on voudrait ensevelir le lieu.
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