Mon regard fouille, farfouille...

Mon regard la titille, dissèque les entrailles de son intimité, comme une intrusion impromptue dans les dédales de sa féminité, m’avoue-t-elle avec cette perplexité que ses lèvres ne savent cacher. Elle en sourit mais continue à en être bien gêné. Son visage s’incommode de mes yeux qui se posent sur ce bel ensemble que vaut son corps que dessinent les contours de ses vêtements amples, dont elle s’est parée pour mieux se laisser infiltrer par l’air frais qui se raréfie dans la chaleur des temps estivaux. En fait, la chaleur est bien insupportable.  
Alors tenant compte de ses plaintes, je supplie mon regard d’éteindre cette curiosité qui illumine son frontispice, des prières sont adressées à mes instincts que rallument les mouvements de ses membres qui font bouger toute la sensualité que draine sa charmante silhouette. De l’intérêt manifeste, il m’était difficile de ne pas en éprouver, sans pour autant ne pas en occulter toute la nécessité qui était mienne de ne point me laisser aller complètement dans les flots de cette passion au point ne pas embarrasser sa liberté et sa tranquillité, parce que dans ce pays, la ténacité, dont font preuve les hommes chez nous pour convaincre une femme, pouvait se qualifier de harcèlement avec tant de facilité, un crime consigné dans le code pénal du féminisme.
Arrête de me mater, me dit-elle, ses joues rougissent derrière cet effort de convivialité dont elle fait preuve pour que je change d’attitude.
Rien que sa voix, à l’entendre amplifie ce friselis d’enthousiasme qui m’emballe depuis que nous nous étions rencontrés lors de la foire de la terre, le son qui sort de sa bouche petite et mignonne comme un bonbon, injecte dans les tréfonds de mon être une incontinence qui se traduit par la lumière brillant sur ce regard que je ne cesse de poser sur elle. Tout me paraît bien inévitable, indubitable, imparable, que je ne sais m’empêcher de ne point subir.
Mon regard coule, me saoule, le vivre ainsi c’est tellement cool, qu’aucune volonté n’est possible sous l’impulsion de ma raison pour que je m’abstins à quelque forme de puritanisme quand je pouvais la regarder. Mon regard est ivre de son charme désinvolte, mon souffle s’atrophie dès qu’elle s’approche de ma modeste personne, le désir qui monte de mon boyau, estompe la longueur de mes inspirations et de mes expirations, je me sens asphyxier…je respire dans une agréable étreinte d’une appétence que je ne sais exprimer dans une certaine clarté des propos au risque de choquer sa conscience, peut-être, je ne sais vraiment en parler avec exactitude.
Ainsi pour ne pas embrasser le ridicule, je me tais, m’octroie une plénitude du silence, colonise ces chatouillements dans le palais qui semblent inciter ma langue à déverser des mots…des fois inutiles, pour juste qu’elle me regarde et que mon regard trouve la belle excuse de bien la regarder. Surtout noyer mes yeux dans l’infinitude verte qui teinte ses yeux sur son visage illuminé d’une concupiscence tacite.

J’étais bien silencieux, apprivoisant les envies qui tentent d’engloutir mes sens, puis en prendre complètement possession, ainsi diriger le corps à sa guise. Je luttais désormais pour que fut modéré le tempérament que j’affichais devant elle. Mon silence était complet. Malgré moi, avec un regret que je ne savais dompter, je me taisais, me murant sur le fil de mon silence. Mes doigts griffonnaient dans un élan purement instinctif les sentiments, qui me traversaient l’esprit au milieu de ces tumultes des voix inavouées secouant l’âme du poète que je suis, qui devait éteindre cette verve qui accompagnent ces palabres. 

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