L'esprit du poète plane sur l'aurore...
L’aurore perd sa couleur, des
lueurs s’immiscent au milieu des nuages obscurs, les oiseaux chantent l’allégresse
de cette lumière qui les sort de leurs nuits, le vent souffle sans désemparer
depuis tous les horizons. Le silence de la nuit s’éteint, les pins et les
sapins sont immobiles et insensibles à l’air ambiant, aucune caresse de ce qui
se meut dans l’espace n’agite leurs branches, le sous-bois respire d’une
quiétude sinistre, une fraîcheur mêlée d’odeur des feuilles en décomposition et
de la terre mouillée s’élève depuis le sol. Tout est tranquille ce matin, la
journée parait encore sainte et ceinte que d’intentions douces et pures
transparaissant de ce charme dont est imprimé l’instant matinal. Depuis les hauteurs
d’où le poète a vécu sa modeste nuit d’homme loin de sa patrie, son regard se
perd dans le vide au-dessus de ce lac, dont les eaux silencieuses ont vu
tellement d’extravagances de ce que font les hommes de leur existence.
Dans son mutisme devant la
prestance solennelle de ces eaux, le poète tente de communier avec cette
indifférence, dont est empreinte cette étendue lacustre pleine de douceur et de
tendresse au milieu des montagnes en perpétuelle conversation avec un ciel
rempli de caprices, dont les nuées se permettent de couvrir avec impénitence la
crête de ces monstres de roche témoignant de cette fébrilité endormie de la vie
intrinsèque dans le cœur invisible à l’œil nu de la terre.
Sur le quai, à cote du vieux port
à Lutry, en cette matinée, le poète s’enivre de l’air pur et frais, qui palpe
avec délicatesse les mouvements ondulatoires d’un lac trempé dans un silence
millénaire, d’où ne filtrent que des gémissements de vaguelettes, ces timides
poussées d’eau qui enlacent le sable caillouteux de la berge, dans un incessant
va et vient, comme dans une embrassade interminable entre des amants qui ne
savent se séparer quand le temps le nécessite, multipliant des gestes d’affection
qui étirent en longueur l’inévitable moment que le destin de l’un et de l’autre
ne sait vraiment occulter.
Les barques tanguent sur l’eau, légèrement,
elles bougent dans une gestuelle bien discrète nécessitant de l’attention pour
percevoir les mouvements millimétrés ; les amarres bien attachées sur les bornes,
elles sont en attente de sillonner avec un enthousiasme débordant les coins et
les recoins de ces eaux paisibles, dont le fond regorge de tant de secrets que
leurs coques n’arrivent vraiment à voir malgré qu’elles restent tout le temps
immergées, les regards rivés vers les obscurs abysses.
Ces eaux sont aussi le sanctuaire
d’oiseaux, qui passent de temps en temps pour se ressourcer, parait-il qu’il y
aurait 130 espèces pour qui elles sont si indispensables. Ces oiseaux ont été
séduits par la tranquillité des eaux lémaniques, le long de côtes de la nation helvétique,
vivant toute la bonté de ce que vaut la finesse mutique que drainent ces
paysages mêlés de roches grandiloquentes et des forêts incrustées dans la
pierre. Avec le temps, ces espèces d’oiseaux se succèdent pour jouir chacune à
son tour de ce qui lui est le plus agréable à tirer de ce climat de la Suisse
sur le bord du lac Léman. Le poète observe le manège, tente de s'instruire dans cette liesse tacite des bêtes ailées, pour en tirer un savoir utile à la vie, simplement.
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