Pétillante voisine...

Une insolence scintille dans ses petits yeux quand elle me regarde, une impétueuse flamme de sensualité entremêlée de désinvolture, ses pupilles crient un désir tacite et ses lèvres me sourient. Entre nous, rien que le silence complet, ne s’entend que la chenille de fer qui transporte d’un bout à l’autre de la Suisse. Ses jambes pleines et charnues entrecroisent les miennes, le frôlement est succinct, mais suffisant pour incendier les sens que je tentais d’éteindre en plongeant mon regard dans le roman ouvert entre mes mains. Ses jambes glabres et galbées luisent sous le soleil de printemps, les rais de soleil qui traversent la glace de la fenêtre s’affalent sur ses cuisses affriolantes. Dans un effort furtif, je lève mon regard pour bien voir son visage, il me parait tendre, doux, candide, reflétant une innocence libertine : une vie affranchie de contraintes de l’admissiblement correct.
L’instant d’une fraction de seconde, voulant ajuster mes jambes, elle retira les siennes, pour les croiser l’une sur l’autre ; à peine qu’elle entamait le geste l’indiscrétion de mes yeux croisant le bout de tissu blanc couvrant son intimité fit tressaillir tout mon être au point que toute ma zen attitude en était ébranlée. Une passion consumait le calme que je m’étais octroyé, le silence m’était un fardeau que je supportais de plus en plus mal, les mots chatouillaient ma langue que je n’arrivais plus à tenir.
Elle me regardait maintenant avec un sourire narquois, comme si elle se moquait de mon embarras qu’elle avait remarqué. Ses yeux me miraient loin de toute discrétion, sa posture ne cachait nullement le plaisir qui était le sien dans ce manège tacite que nous nous livrons en âme et conscience sans pourtant se l’avouer ouvertement. 
De nouveau, elle décroisait et croisait ses jambes, mon regard tel un aimant se baissait pour fixer son entrejambe couvert de blanc tissu. Le même tressaillissent me traversait le corps et, je m’ajustais sur mon fauteuil rapidement, le souffle un peu écourtait, refermais mon livre que je déposais à côté. J’avais tellement subi que passer à l’acte devenait un défi personnel, il me fallait parler à la belle inconnue pour que je m’apaisasse. Dans mon esprit, je rassemblais mes forces et les mots pour m’exprimer, puis levais mon visage que je plongeais dans le sien paraissant malin et imbu d’une malicieuse condescendance se manifestant dans un sourire espiègle. Je me raclais la gorge et je me lançais :
-    J’avoue qu’avec l’été je suis le seul à me promener encore avec un blouson de ce genre pour me protéger d’un courant d’air frais qui souffle le soir, lui dis-je allègrement.

-    J’avais fait le constat et ma déduction était que tu es un homme frileux, me répondit-elle avec ce sourire que ses lèvres ne savaient se départir.  Tu me sembles fort, bien fort avec ta taille, mais fragile à la moindre baisse de température, petite défaillance humaine inhérente à tous ceux de notre espèce, moi, la chaleur m’est insupportable, qu’il me faut presque me dénuder pour me sentir respirer.

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