La pétillante voisine est une resistante...

-          Regarde tous ces lieux que nous traversons, presqu’abandonnés à un triste sort, noyés dans un silence insupportable de l’absence d’hommes, tus à jamais dans le bain de l’obsolescence, cherchant une nouvelle vitalité que l’économie n’arrive à leur donner. Des lieux prédestinés à une disparition certaine. Nos lignes sorties de notre imagination leur infusent une vitalité qui s'éméchait, s’effilochait au fil d’un temps s’en allant presqu’en catimini, les livrant à la solitude. Le street art redonne la vie, de l’existence à ces endroits, portion de ce que fut notre histoire, à briller dans les dédales du présent. Je recrée la vie dans ce trépas silencieux que le capital insuffle aux choses après les avoir usées et utilisées.
-          Si je comprends bien la démarche, est-ce une forme de lutte contre le train de vie que nous offre la modernité ?ou une nécessité de ne point laisser faire que l’on puisse élaguer de l’histoire le prestige de ce que furent ces lieux frappés de péremption aujourd’hui ?tu es une résistante alors ?
-          Oui ! je le suis dans le sens où je résiste à l’anéantissement que dicte l’obsolescence d’essence capitaliste, à la dissolution presqu’au nom de la modernité et de l’innovation dans lesquelles semble se diluer l’existence humaine. Je résiste à mon époque comme je peux, espérant que cet esprit pourrait se pérenniser dans les générations futures.  N’est-ce pas que le bel exemple de cette résistance par le street art nous vient de Paris avec la rue Dénoyez, au vingtième, où il avait été prévu de remplacer dix-huit logements sociaux par une crèche de cinquante berceaux.
-          N’est-ce pas une résistance futile, parce qu’enfin de compte, l’état finit par s’imposer avec ses théories. Ne le penses-tu pas aussi ?
-          L’essentiel dans la vie, ce n’est pas d’avoir perdu ou gagné, mais d’avoir pu de sa volonté et de sa raison à identifier de quoi était fait le bien et le mal, puis s’opposer au mal, même de sa modeste et seule voix ou encore de la même manière se rallier au bien. Enfin d’être en paix avec sa propre conscience.
L’habit ne fait pas le moine en tout cas, car la sémillante voisine du train, malgré son air frivole, était une femme de caractère bien trempé, consciente de l’ivresse dans laquelle le monde était embarqué, tentant à travers ses talents à faire de la résistance face à ce rouleau compresseur de la modernité et de l’innovation dont les vestiges, souvent, se matérialisaient par ces lieux fantômes et désaffectés où la vie s’était bien tue, parce que le capital ayant fait défection après s’être fait engraisser par des mains inlassables d’hommes. Du coup, mon admiration avait viré du charnel à l’intellectuel, l’esprit avait rompu cet appétit corporel pour une passion presque transcendantale. En elle, autre chose m’avait plus que séduit. 

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