La solitude dont je dois me défaire pour revivre enterrant le passé...
Désormais c’est au fond des souvenirs que tout de toi revit,
agit sur la solitude qui m’assaille, perce l’opacité du désespoir qui tente de
m’ensevelir, la peur de souffrir de ton absence me pousse à me réfugier dans le
passé pour ne point être englouti dans l’avalanche de cette morosité plus
qu’évidente que ton départ improvise dans ma vie déserte de tes sourires qui
comblaient mon être d’allégresse. L’abandon engourdit ma joie afin que je me
noie dans le torrent de la déréliction, ainsi me perdre et te perdre à jamais,
que les souvenirs disparaissent aussi comme du cendre que le vent emporte par
son souffle pour en faire un particule infinitésimale que l’œil de l’esprit ne
pouvait percevoir, car dissous dans l’insignifiance et l’obsolescence complète
que les instants passés sécrétaient sur la courbe des hier comblant le cours de
l’histoire pour qu’il se revêtît d’un sens.
Je t’ai perdu parce que je me
suis contenu de ne dire mot, me suis
retenu de ne pas te suivre pour expliquer combien dans les tréfonds de mon
esprit le trouble s’était rendu maître absolu, combien mon visage s’était
assombri par le poids de cette séparation inopinée, combien le monde me
paraissait grand et difficile à combler sans toi, combien tout de ma modeste
demeure était revêtu de ton empreinte, combien le film du passé s’évertuait,
bien présent, à portée de ma mémoire, qui se rafraîchissait tristement à contretemps
de sa substance précieuse.
Je regardais l’horizon depuis la fenêtre
ouverte pour m’enlacer avec le charme que le crépuscule imprimait aux instants dès
que le soleil disparaissait ; mes yeux, au comble de larmes que je ne
laissais couler, clignaient avec intermittence afin que les flots de l’âme
attristée ne débordèrent point, que je susse faire preuve de résilience dans ma peau d’homme et prendre le
dessus sur cette horrible peine qui me titillait malgré toute cette quiétude
qui transparaissait de mon être.
Peu à peu le supplice habillait
mon destin pour en faire une pauvre existence, un insupportable trajet que j’endurais
avec la vie qui me semblait un ennui qu’un plaisir, le vide absolu avait creusé
le fond de l’essentiel que je croyais posséder quand nous pouvions encore parler
dans l’intimité de la pénombre quand les premiers rais de soleil infiltraient l’aube
avant que le matin fut.
Derrière mon mutisme se
confessaient des mots pour trouver l’équilibre que j’avais perdu, je tentais de
rétablir la lumière dans les fonds obscurcis de mon être orphelin de ton soleil
sempiternel (que je croyais en tout cas avant de déchanter), en qui toute ma
foi semblait bien fonder. Alors sous la paix apparente de mon regard, le désarroi
s’écrivait et s’inscrivait à mon corps défendant, et je tentais d’y faire face
pour ne point que se voit son étendard triomphant sur le pavillon de ma
destinée, il me fallait donc tuer ce qui subsistait en moi de toi afin que je
jouisse pleinement de mes lendemains avec l’âme qui voudrait s’arrimer à ma
main, afin de conjuguer demain dans l’allégresse de la vie à deux.
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