Extrait de mon roman : Soliloque sur mes amours en Espagne...(3)

Elle marchait en avant, je la suivais. Sa hanche ondulait et se balançait de part et d’autre. Ce geste, pour moi, valait une émulsion d’une joie contenue, elle était contente d’être avec moi. Elle saluait quelqu’un à gauche avec une envolée de mots rapides que mon esprit ne savait décrypter .Elle avançait nonchalante .A la première boutique sur notre parcours, elle s’arrêta pour regarder quelques fruits, puis elle se retournait d’un air enjoué me les montrant. Je la gratifiais d’un sourire timide et complice plein d’intimité tacite. Elle m’avait parlé d’un magasin où l’on vendait de la bouffe africaine. Elle me l’avait même montré un jour lors d’une balade nocturne. Lors de nos étreintes  dans le silence de la nuit comme deux adolescents explorant pour la première fois la sensualité de leurs corps. Une belle idylle.

J’entrais avec elle dans la boutique des denrées alimentaires africaines. Le propriétaire, un quinquagénaire à la limite de la soixantaine, me fixait d’un regard presque de curiosité passive. Une question tacite pendait sur son visage de vieux père. Tu me parais bien jeune, que fais tu avec cette femme mûre à la trombine rassérénée par l’expérience, par les soubresauts de cette vie mouvante du vieux continent ? A nous voir, je paraissais comme un agneau entre les mains d’une tigresse qui avait, l’instant d’une accalmie, dompté ses instincts carnivores. L’homme semblait ,à la fois ,consterner et se réjouir de la clientèle que nous valions. Je lisais dans son esprit. Vous diriez peut être que c’est prétentieux mais ne dit on pas que l’âme n’a pas de secret que la conduite ne révèle ?

Je posais mes yeux froids et décomplexés sur lui pour requérir les produits dont nous avions besoin. Mon regard était assez expressif. J’assumais mon choix avec la liberté de mes 18 ans révolus. J’avais envie de dire au Monsieur-le quinquagénaire à la limite de la soixantaine-que j’aime cette femme telle qu’elle est, l’âge ne m’importe que très peu…