A L'université de Lausanne ce matin...

Dans un grand hall de l'université de Lausanne, j'avais décidé d'écrire la vie que je menais depuis. A maintes reprises, j'y étais et rarement j'avais l'inspiration. Je regardais le monde qui défilait de tous les cotés sans qu'une passion d'immortaliser les instants avec les mots ne me traversa l'esprit. Un vide que mon esprit percevait comme un malaise qui incommodait sa déconcertante fertilité de tisser avec des palabres chaque atmosphère où le destin me conduisait. Assis sur ma table, je laissais mes yeux parcourir l'espace à bâbord et à tribord pour m’imprégner de l'esprit de lieu: lire dans les attitudes, faire d'assez preuve d'attention pour voir bien au-delà des impressions. Des voix indistinctes émanaient des conversations, mes oreilles s'aiguisaient pour saisir la quintessence des sons à proximité de ma table, où des filles, la bouche bien pleine, s'activaient malgré tout à prononcer des sons, qui paraissaient étouffer dans la spongieuse masse qu'elles ne cessaient de mâcher pour assouvir cette nécessité que leur estomac leur avait bien rappelé. De temps en temps, elles rabâchaient de gros mots pas agréables à entendre du genre "salope, pute", derrière leurs regards qui semblaient passer au peigne fin toutes les allées et venues autour du prémonitoire où nous étions assis, elles avaient l'air de connaitre tout le monde, et s'arrogeaient un plein droit du critique regard sur tous. Des sandwiches entre leurs mains, elles mâchouillaient en laminant de mauvais aloi ceux qui le saluaient de bonne foi. Non loin de là, un groupe d'étudiants faisait de la promotion d'une action caritative sur fond d'une musique techno, abordant les passants avec le sourire d'amabilité indispensable à la réussite d'une telle entreprise. La salle, dont l'ambiance avait été timide le matin quand je suis arrivé, semblait bien pleine de vie en milieu de journée avec la pause que permettait l'horaire des cours. Une saveur réjouissant les narines en l'air décuplant le plaisir de respirer, des petits mets se déballaient libérant leurs effluves épicés dans les airs; il s'entendait déplier ces petits colis contenant les délicieux contenus qui feront l'allégresse des pupilles jusqu'à s'affaler paisiblement dans le creux de l'estomac en passant par le tendre slalom le long de l’œsophage, après avoir été émiettés par la mastication des puissantes molaires dévouées à la tâche. Le soleil brillait avec intermittence à l’extérieur, les herbes flambaient de verdure, la petite rivière d'à coté coulait tranquille, le parvis de la petite esplanade devant le bâtiment se remplissait de monde, chacun avait une clope entre les lèvres ou s’apprêtait à en mettre une sur la bouche, le briquet prêt à incendier le joint déculpabilisé de toute responsabilité depuis que les entreprises de tabac ont été contraintes d'inscrire la fameuse clause évoquant que le fait de fumer était préjudiciable à la santé. 

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