Beni se meurt; et dans leur palais, ils sont ivres de bien vivre...
Avec entrain mes oreilles ne
veulent être ceintes des mots, des palabres saintes, des images peintes dans le
verbe de la diplomatie. Assez des vies éteintes dans le silence du trépas, des
regards noyés dans la stupéfaction que leur offrent les subtilités et les
atrocités de la mort au milieu de l’obscurité de la nuit. Des corps morcelés
dans la barbarie, criant d’innocence malgré l’impromptu poids du carnage qui
s’abat désormais dans les dédales de leur destinée depuis plus de décennies.
Des voix d’adultes et d’enfants se croisent dans l’intimité de préserver la
vie, la peur de ne pas survivre face à l’ombre de cette dantesque menace qui
déploie ses ailes, assombrissant leurs espoirs de vie à l’ordinaire comme
depuis le temps de leurs aïeux victimes des razzias. Les murs sont peints de sang, les toitures
voient accrocher sur leurs parois de la chair éparse, l’existence se voit
déchiquetée sur le parvis de la civilisation.
Le décompte macabre ne semble plus émouvoir,
ces vies disparaissant au gré des volontés cyniques ne rêvent que de justice
que personne ne sait leur rendre. L’état
se fourvoie dans la pérennité de l’idiotie de sommet, les sages de la
république choisissent de se couvrir de médiocrité, l’audace d’incriminer le mal
se convertit en complicité tacite au nom de cette traîtrise dont les prébendes
remplissent les corbeilles de ces honorables, qui comblent l’histoire de notre
prestigieuse nation d’opprobre.
Des visages fendus à la machette,
des cous suintant le sang des aortes coupés à l’acier oxydé, des
cadavres aux visages plein de regrets à jamais engloutis dans les abysses de ce mutisme de l’au-delà. L’épaisse obscurité de la nuit mugit du rouge fluide
giclant dans les airs quand les crimes se perpétuent dans un désinvolte plaisir
de voir l’homme souffrir avant de rendre l’âme. Des soupirs rampent dans la
quiétude succédant à la brutalité du forfait, des souffles s’estompent et se
marient à l’inanité de la vie que l’instant de terreur colonise à souhait.
Fiers de
leur mission comblant un peuple d’indignités, livrant à la face du monde son
impuissance notoire ainsi que celle de ses institutions, depuis Kinshasa ça
crie et rie des plaisirs iniques dont ils se satisfont dans leurs fortunes
acquises après des litres de salives derrière des flatteries abjectes, avec des
grotesques attitudes, ils se remplissent d’orgueil comme des gens qui valent. Perchés
sur ce tertre rempli de cèdres; ivres d’honneur, comblés de piètres ovations qui
les convainquent de valoir, d’être des personnes pas comme les autres pendant que
le pays saigne des machettes malsaines qui scient avec désinvolture la vie des
paisibles gens. Beni meurt; et dans leur palais ils sont ivres de bien vivre.
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