Oh ! Beni, mon beau pays!

Piètre destinée, est-ce vraiment ce que méritent les hommes qui peuplent ce grand et beau territoire où M’siri résista jusqu’à la mort au pouvoir venu d’ailleurs ? La bravoure de Kipa Vita serait-elle à jamais dissoute depuis que l’histoire a été écrite de la main du colon venu d’en haut ? Le poids de la honte ne serait-il pas si grand pour que la rébellion germe dans nos cœurs jusqu’à rêver éventrer les entrailles de ces gens qui se permettent dans la plus facile des récidives de massacrer nos peuples comme une chair prédestinée à la mort avec atrocités ? La douce verdure des mille collines s’étendant depuis le lac Kivu jusqu’au sommet du Nyiragongo se voit recouverte de sang innocent que personne ne sait venger. Que des palabres à profusion qui ont désillusionné le mythe d’un état qui protège, des linges rougissent au milieu de la nuit, des cris se dissolvent dans l’impuissance des familles devant l’arrogance de la mort que leur octroie l’irresponsabilité infâme depuis à la tête de nos destins. Jusqu’à quand devrions-nous supporter l’ignominie dont on comble la prestigieuse bravoure de nos aïeux qui ont versé leur sang depuis l’Ethiopie jusque dans les confins du Congo profond afin que personne de ceux qui sont venus dans nos contrées pour s’approprier nos terres  n’oublie que la fierté d’un peuple mâté tôt ou tard s’élèverait des abysses de la résignation où on a cru l’enfermer.  Les Batetela dans leur révolte ont tracé la voie de l’insoumission devant l’opprobre dont nous revêtait le pouvoir colonial.
Et, quand le peuple démuni se dénonce l’oppression dont il souffre dans l’indifférence notoire de ceux censés assurer sa défense, enfin ce pouvoir inique brandit sa violence légitime dont parle si bien Max Weber. Ce pouvoir abuse de la coercition, cloue les lèvres lasses d’impuissance qui s’ouvrent pour dire son ras-le-bol devant le quintal de cette menace qui ne cesse d’endeuiller les familles, jusqu’à en décimer quelques-unes dans un cycle infernal.  Des vies entières de tous les âges consignées dans le silence, à jamais liées dans les couloirs de son labyrinthe plus que sinistre, figées dans la quiétude rupestre de son tableau angoissant ne sécrétant qu’une frayeur dans l’enthousiasme de vivre. Sommes-nous si bêtes pour nous laisser encore baigner dans les sévices d’hier des mains coupées au nom du caoutchouc que le coltan aurait remplacé aujourd’hui ?
Que nos esprits se comblent de révolte jusqu’à soulever nos membres afin d’ébranler le trône sur lequel est assise cette minorité incapable de lever le front pour faire face, par une réponse appropriée, à la cruelle machine qui broie des vies à l’Est du pays de Lumumba. Du palais depuis le long du fleuve, l’être insignifiant qui se remplit de chair se tait, se goinfre d’embonpoint, se comble des soins, se parfait dans son esthétique du masculin, se passionne de l’imbécile mystère qui auréole son personnage même quand il semble d’une absolue inutilité. Il est chef, entend-t-on dire de ses larbins prêts à tout pour que demain leur soit assuré, léchant l’os avec dévouement pour plaire et  se satisfaire dans la plénitude de leurs besoins d’une bourgeoisie dont le seul outil de production est la corruption et le clientélisme.
Une humiliation qui infantilise l’homme congolais depuis plus de 50 ans d’indépendance, une histoire triste s’écrit sous nos yeux dans laquelle avec tant de facilité au nom des appétits mesquins, nous hypothéquons nos lendemains, livrons à l’incertitude l’avenir de la postérité. Jusqu’à quand pendrons-nous comme des marionnettes entre leurs mains ? Surtout entre les mains de ces pantins qui nous sont présentés comme président ainsi que sa cohorte de sinistres ministres à la braguette béante pour s’enivrer de concupiscence pendant qu’ils sont censés réfléchir sur la grandeur de la nation.

  

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