La nuit après le beau soleil à Lausanne...

Enfin le silence se voyait bien complet, le temps en était bien imprégné, l'horizon était bien obscur, dilué dans l'épais noir de la nuit. Les bruits s'étaient  tus et le calme remplissait chaque espace hors des bâtiments, la ville accusait une fatigue latente de l'après effort. Les routes paraissaient orphelines. La multitude de pneus ayant fait leur importance la journée avait disparu, le goudron regardait le ciel d'un œil béant attendant en vain avec impatience un crissement tardif de caoutchouc sur la surface. Les vitrines baissés du centre-ville s'enduisaient d'un repos tacite, plus de gens pour mirer et se mirer sur les glaces, attiser leurs passions sur les articles qui y étaient exposés. Lausanne soupirait après le beau temps qui avait enveloppé les instants pendant le jour, le parc de Milan non loin du théâtre de Vidy était vide de monde, sa pelouse verte se régénérait dans la quiétude des temps nocturnes. Ces longues allées accusaient une tristesse contenue, elles étaient impatientes du lendemain pour se voir envahies de monde: adultes comme enfants. La fontaine d'eau cherchait en vain des enfants pour se réjouir de ses jets allant jusqu'à plus d'un mètre au-dessus du sol, leurs rires remplis d'innocence lui manquaient, leurs cris aussi ne retentissaient plus dans ses alentours; elle semblait d'une impatience désemparée. Les toboggans et les balançoires s’enivraient et s’ennuyaient de solitude. Malgré quelques lumières, le parc sans les hommes paraissait sinistre, lugubre avec ces quelques lumières éparses de lampadaires éclairant la touffe de végétation couvrant la petite colline surplombant le terrain de jeu et les pistes de piétons. A partir de cette colline d'accès facile à travers des chemins embusqués sous les branches d'arbres qui se répandaient flasques au-dessus du périmètre de marche, il s'apercevait la ville d'en haut, le port d'Ouchy et le merveilleux bord du lac Léman avec les montagnes obscurcies, qui s'affichaient comme des monstres géants guettant une proie qui émergerait de l'eau. Aperçue de cette colline, la ville soupirait de tranquillité, elle semblait s’être assagie, après la folie et les délires que le soleil avait suggérés aux habitants de cette ville sur les versants des montagnes, où le froid avait quelque peu fait de la résistance avant d'abdiquer devant l'astre de feu faisant un retour triomphant avec le printemps en attendant l'apogée de son règne en été. Un vent frais provenait de l'étendue d'eau provoquant un tendre bouillonnement de flots embrassant le sable caillouteux de la berge. Un son d'une douceur inouïe s'élevait alors dans les airs jusqu'à se perdre dans l'infinitude de cette paix dont était empreint le temps. De nouveau il s'entendait les vagues arrimées par un souffle lointain qui avançaient dans un élan de douce impulsion pour s’affaler une fois de plus sur la plage de cailloux, le bruit s'évanouissait encore dans l'océan du silence. Lausanne s'endormait pleine d'enthousiasme que le beau temps était revenu.

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