Survivre ou mourir afin que l'honneur demeure...

Loin de la terre qui m’a vu naître j’ai cessé d’exister, j’ai appris ce qu’était ne pas être, mes silences ont été conquis par l’inexistence, mes yeux ont perdu la luminescence de la vie, mes muscles se sont affadis sous le poids de l’affliction, mon esprit a été vaincu de dérision à travers ces sourires espiègles et le poids de la déréliction.
Sur les trottoirs, mes pas fades s’en allaient bien humbles d’humiliation que le destin avait su apprivoiser, en même temps que ces regards, comme bourrés de stupéfaction et de curiosité devant l’espèce humaine que valait ma trombine ; d’ailleurs des combines (légales) se déroulaient pour sceller mon sort difficilement admissible malgré toute la précarité qui m’était offerte en cadeau. Rêches semblaient les lignes de ma destinée où le désespoir se goinfrait d’embonpoint, malmenant mon bien-être qui semblait déposséder de sa substance, mon sauve-qui-peut qui n’attendait qu’une main tendue afin que le début d’une paix se reconstitua dans les décombres de mon être assiégé d’incertitudes sur mes lendemains.
Le malaire, bien dessiné, sur ma joue maigre et sèche ne laissait poindre que l’indécence que valait ma présence que des yeux malmenaient à la fois d’indifférence et d’arrogance : ces attitudes fouettaient mon ego, m’imposaient la quiétude dans une lutte féroce pour que mon front demeura bien levé malgré les vicissitudes de la vie, et que l’aura de ma dignité et mon prestige ne s’éteignissent point, que je prisse toujours soin de me remplir de cette pleine assurance que rien, ni personne ne pouvait ravir à mon agréable personne, malgré la sèche charge que la providence laissait perpétrer dans les méandres de cette existence que je me suis acharné à construire nonobstant la flopée des bûches et d’embûches sur le trajet de mes aspirations.
Désormais loin de ce passé dans lequel se construisaient hier ma fierté d’homme et ma passion d’utilité à la vie tout court, je m’opposais à cette volonté défaitiste qui emballait ma raison afin qu’elle abdiqua devant cette sauce saline et aigre dont étaient induits les événements faisant partie de ce que la vie m’avait réservé depuis que la terre de mes aïeux m’avait contraint à des adieux forcés. Le cœur rempli d’une abstention pleine de plaintes tacites que mes lèvres et ma langue ne savaient prononcer pour ne point léser cette bravoure dont mon âme était si bien comblée. L’apatridie ne pouvait me consoler, elle portait en elle un lot de camouflets qui lessivait l’essence de tout amour-propre.

Je comprenais alors pourquoi l’honneur n’était point négociable au point de s’inscrire en lettres de sang dans l’éternité par un hara-kiri comme le fit Mishimo au japon, pour ne point supporter cette honte que l’esprit n’arrivait à digérer malgré toutes les belles phrases, dont l’intonation des mots et la substance contenue dans leur diction pouvaient infuser un brin de tranquillité dans les profondeurs émiettées de l’âme en vadrouille que j’étais devenue. Je tentais supporter de vivre, de ne pas vivre dans la terre de mes aïeux ; vivre m’était insupportable dans cette survie que nous avions tenté de conjuguer malgré les risques et les périls que nous avions pu affronter le long de ces chemins alambiqués qui nous ont amené dans ce paradis tant chanté que nous avions embrassé en plein dans un déclin bien entamé. 

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