Des mots pour peindre un matin insolite à Lausanne...

Le silence s'amenuise, le bruit croit, la journée se voit engraisser de lumière, le soleil luit dans le ciel, Lausanne s'enduit de vie; les trottoirs se remplissent de pas, les gens s'activent depuis le matin. Derrière les vitrines, les articles sont époussetés, les vendeurs s'y activent avec enthousiasme. Les chaises de bistrots se déploient, les comptoirs se voient envahis de premiers clients, les mots s'échangent timidement, un tumulte de sons s'élèvent doucement dans l'atmosphère. La pénombre des immeubles voile la clarté du ciel, les arbres paraissent d'un embonpoint revigoré et laissent tomber moins de feuilles, les instants semblent bien impatients de se voir plein chaleur de temps estival. Le froid fait encore de la résistance, les hommes se permettent encore d’être emmitouflés, leurs pas dans la rue sont encore hâtifs, les regards furtifs, rarement contemplatifs. 
La roche sur laquelle la ville est débout est froide, imbue de froid depuis les temps immémoriaux, sur sa surface poussent des mousses et des lichens, qui peignent ses courbes d’étincelante verdure. Malgré le charme du soleil dans ce ciel bleu au bord du lac, une certaine humidité reste perceptible, une timidité têtue se fait toujours présente sur le parvis de cette belle ville, l'ambiance semble en être bien imbue, elle est présente dans le métro, dans le bus, dans les salles d'attente; elle muselle les lèvres dans un silence qui semble pesant et bien lourde à porter pour une âme avide de vie, de vivacité et d'allégresse d’être comme la mienne. Ce sont les habitudes d'ici, il sied de s'y adapter, de plonger dans le triptyque de mœurs du lieu qui nous reçoit, se laisser formater dans la moule de l'intégration comme en parlent si bien les lois relatives à la gestion des hommes d'ailleurs que nous sommes;  mais la langue me chatouille avec des mots pour désigner la chaleur, qui bouillonne dans mes entrailles au nom de l'existence: rien que le fait de vivre, loin de toutes les formes de captation dramatique de la vie qui, désormais, était mienne.  
J'apprécie le plaisir de ce que la vie offre dans la simplicité d’être sur la terre des hommes, la caresse du souffle de vent sur la surface de ma peau m’émerveille, procure un inouï plaisir à mon esprit qui s'enivre dans un plaisir édulcorant les affres du présent; rendant mes pas paisibles et mon âme réceptive à la bonté de la vie tout court et aux délices enfouis dans le silence fendu par une caresse lointaine d'un timide vent ou encore par le doux bruit d'une feuille d'arbre extasiée par la tendresse d'un courant d'air discret.
Ainsi, dans cette ville où j'essaie de réécrire la vie, je laisse aussi libre cours à l'inspiration d’être fécondée comme bon lui semble afin que je transcrive fidèlement les influences dont elle ne cesse de se couvrir.

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