La fête des mères au bord du lac Léman...

Le jour est beau, les lumières du soleil infiltrent tous les coins, les rues voient des personnes animées d'un plaisir incontinent qui marchent d'un pas allègre sur les trottoirs avec sac à dos dont la poche d'à coté contient une bouteille d'eau. La majorité de gens se dirige vers une seule et unique direction, le métro qui y va aussi ne désemplit point, la ville se confine dans un seul et unique coin: les bords du lac Léman. Ses vagues timides retentissent avec douceur sur le sable caillouteux de la berge, les allées qui longent sa longitude sont pleines des piétons qui s'immolent aux rayons de soleil, les lunettes noires pendent sur les visages pour apprivoiser la clarté de l'astre de feu, qui prend de l'ampleur de plus en plus. Le froid ne devient plus qu'un désagréable souvenir, il est lointain, enseveli dans l'oubli que les hommes voudraient pour longtemps.
Le torse d'hercules, les muscles d’Apollon, les jeunes gens exhibent leur anatomie belle luisant de sueur à l'air libre, les biceps et les triceps se découpent dans une esthétique plastique agréable à voir et à admirer; les jeunes femmes s'efforcent de se remplir d'indifférence pour ne point se laisser happer au charme alléchant de ces corps d’éphèbes qui séduisent dans tous les âges de la gent féminine. 
Quelques familles déploient des parasols non loin de la plage où s’échouent les vagues. Elles parlent portugais. Elles étalent les tables et les chaises dans un ordre impeccable, la dame qui donne les instructions transpire comme trempée sous une pluie abondante; sur son visage mouillé, elle passe sa main dextre sur le front dans un geste dénotant d'une certaine lassitude et sur sa joue gauche se voit une éphélide comme une plus-value sur sa sensualité malmenée par le poids de âge. La grand-mère parait belle malgré les assauts du temps, elle semble dévouée à la tâche avant que n'arrive la famille. Une voix la hèle depuis le parking, elle entend, mais ne distingue pas encore la personne qui court vers elle à grands pas; son visage se fronce pour bien voir  qui se rapproche à grand cri, puis, ses traits se détendent, son sourire illumine son regard, ses mains s'écartent d'allégresse, ses pieds bougent, se meuvent en direction du jeune homme qui ne cesse d'émettre la voix.
Et, enfin, l'étreinte est scellée dans une effusion des bises et de tendresse, le jeune homme fond en larmes entre les bras de la femme: des sanglots de joie. " Maman, je t'aime, chuchote-t-il dans un murmure entrecoupé des sanglots", la scène émeut, les yeux ne savent faire preuve de discrétion devant tant de sollicitude entre mère et fils. 
Très loin dans mon subconscient jaillit toute la bienveillance de celle qui m'a portée en son sein pendant neuf mois, celle qui a pris soin de moi jusqu'à munir mon existence de la base qui fait le modeste homme que je suis devenu. Malgré toute la distance qui nous sépare, je n'ai jamais cessé de lui être reconnaissant pour tout.

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