Une pression sous la ceinture au milieu du tumulte de mots...

Depuis un bon moment, je la sentais bien pleine, mais me retenais. Serrais les molaires me contentant de répondre aux questions et d’entendre les remarques sur mes textes. Ce jour-là, j’avais été invité par mes amis pour parler des textes : un mini salon où nous échangerons autour de cette passion commune à laquelle aucun de nos destins n’avait pu échapper, qui, depuis conditionnait le train de nos vies.
Ce soir-là, une ambiance pleine de gaieté avait meublé les instants, nous discutions, échangions, lisions, mais cette pression ne faisait que croître et j’y résistais. Du mieux que je pouvais, m’exerçais à résister. Des fois, je croisais les orteils pour multiplier l’incidence de l’effort et accroître cette pleine maîtrise dont je faisais preuve sur cette pression sans cesse augmentant. Puis un moment, je sentis que j’avais atteint le seuil de mes capacités de rétention, les digues étaient sur le point de lâcher prise et un scandale était bien proche, si proche…qu’il me fallait à la fois du pragmatisme et de la célérité pour me tirer d’affaire. Je me raclais la gorge, et malgré moi, car une bonne dose de courage m’était bien utile pour arriver à ma fin, j’interrompais une conversation déjà dans sa vitesse de croisière :
-          Où sont les toilettes ? j’aimerais bien y aller si possible, avais-je demandé à l’hôte de cette réunion. De sa voix tendre et douce, elle m’indiquait le lieu si facile à retrouver, car, sa porte se trouvait juste en face de celle du salon d’où je sortirai. Un élan d’apaisement s’immisça dans mes entrailles, je pensais déjà à cette décompression de la vessie avec la tranquillité qu’elle allait m’inspirer.
Je sortais du salon pour me rendre aux toilettes. Dès que ma main tentait d’en ouvrir la porte, je constatais qu’elle était fermée. Un ruissellement en émanait, un bain était en train d’être pris. Mon angoisse répartit de plus belle, et à un fil j’étais de me relâcher, la pression avait subitement décuplé. Je posais carrément ma main sur la braguette pour tenter d’endiguer les flots tentant de déferler depuis ma vessie à bout de souffle et revenais vers l’hôte de la soirée pour lui faire part de la situation. Je ne m’empêchais d’être agité afin d’éviter l’opprobre dont je pourrai me revêtir si je mouillais le pantalon ; l’urgence étant plus que visible, une solution me fut trouvé dans une douce médiation de mon hôte qui convainquit la personne qui se douchait de me permettre d’entrer pour pisser. 
Ainsi, j’ai pu uriner, m’infusant de la paix que le geste me remplissait, un inouï soulagement, loin de la catastrophe qui s’avait bien peint l’horizon de cette belle soirée que nous avions eu continué en lettres et à paître dans la vaste prairie des mots alignés sur le papier. Nous avions des échanges bien fructueux. Quand la nuit je m’étalais sur mon lit, me disais que je l’ai échappé belle ! Si j’avais hésité encore quelques minutes avant de réagir, ça aurait été à coup sûr à la fois l’inondation et l’humiliation.  

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