Une bière non loin de Vidy, à portée de vue Evian...

Des mots se tissent, les sens se lissent sous ces multiples palabres, les réflexions se multiplient ; nous échangeons avec allégresse sur la berge du lac Léman à côté de la grande bâtisse du théâtre de Vidy. Le soleil luit dans le ciel avec grâce et classe, les nuages s’extasient de cette lumière qui se répand sans parcimonie sur la terre. Les eaux paraissent calmes et bien ivres de cette chaleur que leur infuse le beau temps ; elles sont d’une douce passivité, quelques barques fendent leur quiétude par des allées et venues, de l’autre côté s’aperçoivent des montagnes dont les cimes sont couvertes de neige, une blancheur amplifiée qui revêt d’une imparable sainteté les roches grandiloquentes que les yeux ne peuvent s’empêcher d’admirer. Nos pas crissent sur le gravier répandu sur la petite esplanade de ce bar où nous prenons place. Les corps bien dénudés, les passants marchent dans une boulimie de se rassasier à satiété du soleil clément; dans le parc, les gens cuisent des brochettes sur des barbecues, une odeur de viande grillée traverse allègrement  les airs que nul odorat ne peut s’en passer. La clarté du jour illumine plus la verdure de cette pelouse qui semble revigorer.
Les enfants s’amusent pendant que les parents causent : les mères entrain de préparer les plats en étalant les couverts et les pères dans une conversation aux allures d’un débat interministériel. Des canettes de bière se consomment à profusion, des voitures ne cessent de venir sur ce parking plus que plein, les voix s’entendent de tous bords : elles sont transversales, horizontales, verticales…elles sont d’adultes et d’enfants entremêlées dans un tintamarre qui fait monter une belle ambiance de vie et de gaieté enchantant le plaisir de vivre cet instant magnifique sous ce climat capricieux de Lausanne.
Les hommes se réjouissent du beau temps avec une allégresse effrénée comme pour se venger des mauvais jours. Ces jours où le froid était d’une prégnance acerbe, qu’aucun esprit ne pouvait se passer de son pardessus même par inadvertance. 
Nous avions commandé deux bouteilles Boxer que nous sirotions le coup d’œil perdu sur le lac d’où nous percevions au loin les collines sur lesquelles est bâtie la belle ville qui a vu naître l’Algérie indépendante : Evian. Nous ne parlions presque pas, seulement, échangions des regards complices qui finissaient en sourires timides et tendres, nos mains s’élevaient dans un geste automate pour se serrer. Nos doigts s’entrecroisaient et, dans la douce lumière de son charme, mon regard se noyait bien ivre de l’enchantement que je ne pouvais ne pas consentir à vivre de cet après-midi que nous partageons comme un agréable moment.

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