Le village et l'édit du roi...
Devant l’auxiliaire du roi, les hommes se taisent, car ils
savent que celui qui se tient devant eux est attributaire du pouvoir absolu par
délégation. Un long rouleau se déroule sous leurs yeux, ils se refusent de croire
à en être les destinataires, mais leurs cœurs battent la chamade avant que ne
retentissent les corollaires de cette longue missive ; une ambiance
délétère pend dans les airs, ils croient que le mandataire en sera satisfait. C’est
bien cela son objectif depuis qu’il est dépositaire de ce pouvoir. Devant un
parterre des visages qui se noie déjà dans la tristesse de palabres à venir, la
verve langagière de l’eunuque retentit, secouant le calme statutaire et
paisible des petites campagnes où habitent des gens si dévoués à la
magnificence que doit revêtir même l’absence de sa majesté.
Assis sur une colline florifère, il entame la lecture du
décret le regard plongé dans le papier, qui illumine sous la lumière réfractaire
d’un soleil que les nuages menacent d’opacité. Sa langue lacunaire manque
d’épeler correctement certaines phrases, qu’il se ravise avec empressement de
les répéter avec emphase pour que nul ne puisse prétendre de ne les avoir pas
bien saisies. Le peuple se rend compte de son bien-être hypothécaire : la
taille de son allégresse, comme une portion insulaire, malgré ses efforts de plaire au roi. En cette instance temporaire, dans la stupéfaction
muette de la populace trempée dans la sueur de ses durs labeurs ; le regard débonnaire,
l’homme édicte les sentences amères du suzerain, et les gens acquiescent les
yeux remplis de désespoir primaire que leurs traits n’arrivent à cacher.
Le missionnaire de la
dèche termine sa longue rhétorique sinistre, le cadran solaire du village indique une heure bien enfoncée
dans la ligne de temps, un lugubre luminaire
luit dans le cortex en insécurité du peuple, qui sent combien son destin depuis
n’est que l’expression de la volonté d’un individu grabataire bien loin de ce
qu’est vraiment l’âme de sa cité.
Incapables d’émettre un son de protestation, le malaire
saillant sur des joues émaciées, les femmes soutiennent de leurs mains maigres leurs
trombines squelettiques. Elles ne rêvent que de se perdre dans leurs travaux agraires
pour s’assurer un lendemain qui compte à leurs familles. Une insurrection
embryonnaire se lève dans l’esprit de l’homme barbu, le seul de la contrée, maintenant perché sur l’arbre sec au
milieu du village, des commentaires mutiques triturent et défilent dans son
imagination longtemps assujettie à des
lois scélérates. Assez de ce roi de merde, ce trou du… se dit-il, ne rêvant
plus que de l’empaler à l’extrémité de la prairie à la lisière de la forêt afin de
sécher sa seigneurie au soleil comme une viande boucanée. Ses molaires se
frottent instinctivement pour tenter de maîtriser sa colère.
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